"Femmes indignes": des milliers d’hommes se regroupaient sur Facebook pour insulter les femmes

- - LOIC VENANCE / AFP
Sur le groupe Facebook baptisé “Femmes indignes 6.0 résurrection"”, les femmes étaient fréquemment désignées comme "LV", diminutif commun aux termes "lave-vaisselle" et "lave-verge". En dépit du caractère privé du groupe, ces commentaires profitaient d’une très large audience: au fil des mois, il a accumulé plus de 56.000 membres. Deux critères étaient indispensables pour intégrer ce club virtuel, temple du machisme 2.0: être un homme et être coopté par un membre.
Des images intimes et violentes
Après plusieurs signalements, le groupe est finalement fermé en 2017. Comme le dévoile le site 20 Minutes, certains participants pourraient bientôt faire face à la justice. Début 2018, le Collectif féministe contre le viol dépose plainte pour “provocation à la haine ou à la violence en raison du sexe” et “injure publique en raison du sexe”. Durant plusieurs mois, l’enquête est confiée à la brigade de répression de la délinquance sur la personne (BRDP). Elle a récemment été transmise au parquet de Paris, qui devra décider d’éventuelles suites.
En plus des nombreuses insultes et des propos injurieux, le groupe était utilisé pour le partage d’images intimes, parfois violentes. Ainsi, 20 Minutes évoque le cas de la photo d’une femme couverte d’hématomes, accompagnée du commentaire "L’œuvre d’un grand dresseur de LV". Pour Facebook, la suppression de ce groupe a été consécutive au non respect des règles du réseau social “en matière de nudité et de pornographie”.
Facebook devra être plus réactif
Toujours selon nos confrères de 20 Minutes, l’entreprise américaine n’a pas communiqué l’identité des administrateurs du groupe aux autorités. Ce qui est pourtant possible par le biais de leur adresse IP, qui permet de localiser un internaute. La situation pourrait toutefois évoluer: fin juin, le secrétaire d’Etat au Numérique Cédric O annonçait que Facebook fournira désormais de telles informations dans le cadre d’enquêtes sur l’ensemble des propos haineux en ligne. Jusque là, seuls les contenus à caractère pédo-pornographique ou liés à l’apologie du terrorisme étaient concernés.
Si Facebook a mis de longs mois à retirer les publications du groupe mis en cause, le réseau social devra se montrer plus réactif par la suite. Hier 4 juillet, l’Assemblée nationale a voté une loi contre la haine en ligne. Comme toutes les autres plateformes en ligne, la firme devra retirer tout contenu haineux en moins de 24 heures, sous peine de s’exposer à une amende pouvant atteindre 4% de son chiffre d’affaires annuel mondial. Soit environ deux milliards d’euros dans le cas de Facebook.
WhatsApp encore plus difficile à contrôler
Malgré la grande popularité des groupes sur Facebook, le danger pourrait venir de l’une de ses autres applications: WhatsApp. Afin de préserver la vie privée des utilisateurs, Facebook a décidé de chiffrer les échanges sur la messagerie instantanée. Ces derniers sont ainsi indéchiffrables, y compris pour la firme elle-même.
Mais le respect de l’intimité provoque de nombreux effets collatéraux. En avril 2019, une enquête de BuzzFeed News décrivait le fonctionnement de groupes WhatsApp néo-nazis en Allemagne, difficiles à contrôler par les autorités. Le chiffrement des messages complique également la lutte contre les fausses informations, ou contre les arnaques. Pour juguler le phénomène, Facebook limite le nombre de participants à une même conversation à 256 personnes, ainsi que le nombre de transferts de messages.