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C’est quoi Strava, l'application qui a permis de localiser les gardes du corps d'Emmanuel Macron malgré eux

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Permettant d’enregistrer son activité physique via GPS, l’application Strava a permis de connaître les déplacements d’Emmanuel Macron à l’avance par le biais de ses gardes du corps.

Une application potentiellement dangereuse pour la vie privée de ses utilisateurs. Lancée en 2009, Strava permet d’enregistrer plusieurs types d’activités physiques, dont la course à pied, à vélo et la randonnée. Comptant plus de 100 millions d’utilisateurs dans 195 pays, selon son site, elle est notamment utilisée par les gardes du corps d’Emmanuel Macron, comme l'a révélé Le Monde ce 27 octobre.

La sécurité du président de la République a ainsi pu être compromise. Elle a permis, grâce aux enregistrements de courses à pieds de ces derniers, de suivre ses déplacements et surtout, de savoir où il logerait lors de déplacements à l'étranger, avec quelques jours d'avance.

Pour repérer et sécuriser les lieux lors d'un de ces déplacements, les gardes du corps font en effet le voyage quelques jours avant Emmanuel Macron. Certains en profitent pour faire un footing, qu'ils enregistrent sur Strava, révélant ainsi publiquement où le président séjournera, alors que cette information est confidentielle.

"Le réseau social des athlètes"

Avec Strava, les utilisateurs peuvent non seulement enregistrer un exercice physique, mais ils peuvent aussi l’analyser. Pour cela, l’application se synchronise avec un appareil, comme un smartphone ou une montre connectée, et enregistre des données d’effort (durée, distance, fréquence cardiaque..).

Certaines de ses informations sont cependant uniquement accessibles avec un abonnement. Strava propose plusieurs formules payantes, dont une mensuelle (9,99 euros/mois). Cet abonnement permet d’accéder à d’autres fonctions, dont la définition des objectifs, le journal d’entraînement ou encore la planification d’itinéraires.

Strava se définit également comme "le réseau social des athlètes". Les utilisateurs ont en effet la possibilité de partager leurs courses et autres entraînements avec leurs amis, qui peuvent les féliciter de leurs performances et laisser des commentaires. Grâce à la communauté mondiale de Strava, ils peuvent aussi suivre les itinéraires réalisés par d’autres et se mesurer à eux.

Mise en danger avec le partage de données

En rendant l'identité et les parcours des utilisateurs publics, cette application a déjà porté préjudice à certains d'entre eux. En 2018, elle a par exemple permis d'identifier et et de localiser des agents de la DGSE qui l'utilisaient lors de leurs footings sur la pause déjeuner. À partir des comptes des utilisateurs, Strava permet de voir leurs activités publiques sur une carte mondiale. Il était ainsi possible de repérer facilement ces professionnels de l'espionnage qui quittaient et regagnaient des sites de la DGSE, dont le siège dans le XXè arrondissement, comme l'a expliqué Le Canard Enchaîné à l'époque.

Si ces agents utilisaient un pseudo dans l'application, leur véritable identité a pu être découverte par le biais de leur inscription à des compétitions officielles, comme le marathon de Paris. En effet, les performances réalisées lors de ces événements sont disponibles sur le site internet, avec plusieurs informations (nom, photo des participants, etc.). Il a ainsi suffi de faire un rapprochement entre leurs performances lors d'un événement comme le marathon de Paris et celles enregistrées sur Strava avec un pseudo pour découvrir leur identité.

Pire encore, certains de ces agents utilisent l'application lors de leur mission, permettant de facilement les localiser. Un d'entre eux a par exemple été géolocalisé de cette manière alors qu'il était en planque en Irak.

En 2023, Strava a également été liée à la mort d'un militaire russe. Ce dernier publiait régulièrement ses trajets sur l'application. Ses itinéraires étant très souvent identiques, il était alors possible de prédire avec précision ses habitudes, et donc sa localisation.

Kesso Diallo