Benoît Hamon veut, lui aussi, "démanteler les GAFA"

Benoît Hamon a donné quelques précisions au sujet de son programme pour les européennes. - RTL Matin
C'est une idée qui trouve un écho grandissant. Face à la puissance croissante des GAFA, ces géants du numérique- au premier rang desquels figurent Google, Apple, Facebook et Amazon- une solution radicale s'esquisse aux yeux de plusieurs responsables politiques: les "démanteler".
Interviewé sur RTL Matin ce 15 mars, Benoît Hamon a fait de cette proposition l'une des idées clés de son programme pour les élections européennes, comme le relève Numerama. L'ex membre du Parti socialiste s'y présentera dans le cadre de sa propre formation politique, Generation.s.
"Si puissants qu'ils dictent leurs lois"
"Je pense aujourd’hui que ces géants économiques sont si puissants qu’ils dictent leurs lois aux partis" politiques, a ainsi maintenu l'ancien candidat à l'élection présidentielle.
"S’il y a bien un domaine dans lequel le droit européen nous permet de démanteler les GAFA, c’est le droit de la concurrence", a-t-il complété pour dissiper les doutes d'Elizabeth Martichoux, en rappelant la politique de Margrethe Vestager. La Commissaire européenne à la Concurrence mène la vie dure aux géants du numérique accusés de pratiques anticoncurrentielles.
L'an passé, Google a ainsi écopé en juillet d'une amende record de 4,34 milliards d'euros en raison de la position dominante de son système d'exploitation Android pour smartphone. L'entreprise américaine a depuis fait appel de la sanction infligée par l'Union européenne.
Et ce n'est pas fini. La Commission européenne s'apprête à infliger dès la semaine prochaine une nouvelle amende à l'américain Google pour abus de position dominante, cette fois-ci concernant sa régie publicitaire AdSense, ont indiqué vendredi deux sources à l'AFP.
Benoît Hamon se réserve bien de préciser ce qu'il entend par "démanteler". En 2017 déjà, il avait avancé l'idée de taxer davantage les GAFA, estimant que les impôts versés en France étaient insuffisants au regard des profits réalisés sur le territoire.
Depuis, un projet de taxation des géants du numérique s'est précisé. Le projet de loi a été présenté le 6 mars en Conseil des ministres. Concrètement, il s'agit de taxer à 3% les revenus tirés de trois types d'activité: les plateformes (comme Amazon, qui met en relation des acheteurs et des vendeurs puis prélève une commission sur la transaction), la publicité en ligne et la revente des données personnelles. Cette politique s'applique exclusivement aux entreprises dont le chiffre d'affaires s'élève à plus de 750 millions d'euros dans le monde et 25 millions en France.
Ce projet a été très durement perçu par les Etats-Unis, qui y voient une taxation "mal conçue" et "extrêmement discriminatoire". Sur la base de ces arguments, le pays a par ailleurs menacé de contester ce projet auprès de l'OMC, l'Organisation mondiale du commerce. En réponse, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a indiqué sur LCI qu'il ne céderait en aucun cas à un quelconque "chantage".
Aux Etats-Unis, Elizabeth Warren, toute candidate américaine à l'investiture démocrate, se distingue par son discours véhément à l'égard des grandes sociétés du Web. "Trois entreprises détiennent de gigantesques pouvoirs sur notre économie et notre démocratie. Facebook, Amazon et Google. Nous les utilisons tous. Mais, dans leur ascension, ils ont détruit la compétition, utilisé nos données personnelles à leur profit et faussé en leur faveur les règles du jeu", faisait valoir l'une de ses publications récemment sponsorisées sur Facebook. La sénatrice du Massachusetts a inscrit le démantèlement des GAFA dans son programme pour 2020.