Tiktok, Instagram: l'Union européenne veut s'attaquer aux "pratiques addictives" des réseaux sociaux

La Commission européenne veut prendre à bras-le-corps le problème d'addiction aux réseaux sociaux. Elle vient d'adopter, mercredi 25 octobre, un texte visant à encadrer plus strictement les mécanismes addictifs et compulsifs qui sont les leurs. Selon le média spécialisé NextINpact, les députés européens reprochent aux textes déjà en vigueur - dont le règlement européen sur les services numériques - de ne pas suffire à lutter contre ces mécanismes.
Des textes insuffisants
"La Commission croit que les textes récents, tels que le DSA et l'Artificial Intelligence Act ne sont pas suffisants pour régler le problème des mécanismes addictifs", détaille le communiqué.
Ce nouveau texte vise notamment à "clarifier davantage l'évaluation et l'atténuation des risques des 'très grandes plateformes' en ce qui concerne les dommages potentiels pour la santé causés par la conception addictive des systèmes de recommandation", explique le communiqué.
La Commission exprime sa volonté de créer une "liste de bonnes pratiques" pour les réseaux sociaux. Elle souhaite notamment obliger les plateformes à proposer un "droit de ne pas être dérangé", à désactiver les notifications par défaut, imposer des pauses après un certain délai, ainsi qu'un fil d'actualité chronologique, etc.
Certaines de ces fonctions sont déjà présentes sur les réseaux sociaux, bien qu'elles ne soient pas proposées par défaut dans la plupart des cas, et bien souvent cachées dans les paramètres. La Commission évoque également la nécessité d'une éducation plus pointue aux réseaux sociaux, et plus généralement au numérique.
"Des fonctions qui jouent sur la vulnérabilité"
Elle dénonce des fonctions "qui jouent sur la vulnérabilité et le désir des gens, qui les incitent à passer plus de temps sur ces plateformes", lit-on dans le communiqué.
Les mécanismes pointés du doigt sont "le défilement infini", le fait de "tirer" pour rafraîchir la page, les vidéos qui se lancent de manière automatique et en boucle, le caractère temporaire des "stories", les notifications... Autant de fonctions mises en place par les réseaux sociaux tels qu'Instagram et Tiktok pour capter l'attention de leurs utilisateurs.
"Aucune autodiscipline ne peut lutter contre les mécanismes addictifs auxquels nous sommes soumis quotidiennement. (...) Si nous n'intervenons pas maintenant, ces enjeux auront un impact énorme sur les générations futures. Nous avons déjà des règles strictes et saines pour la nourriture, l'alcool et le tabac pour protéger notre santé. L'Union européenne doit maintenant s'attaquer aux mécanismes d'addiction", dénonce Kim Van Sparrentak, députée néerlandaise rapporteure du texte.
Ce nouveau texte européen emboîte le pas aux Etats-Unis, dont plus d'une quarantaine d'Etats viennent de porter plainte contre Instagram pour ces mêmes raisons.