Le futur indice de durabilité vous permet-t-il vraiment de choisir un smartphone durable?

Si l'indice de durabilité est plus complet que l'indice de réparabilité, certains critères essentiels risquent d'être mal représentés dans la note finale.

Vous aider à choisir un smartphone qui vous accompagnera de longues années. C'est l'objectif du gouvernement, qui a décidé de remplacer l'indice de réparabilité par un nouvel indice: l'indice de durabilité. Ce dernier doit entrer en vigueur dans les prochaines semaines. Pour plusieurs catégories de produits, dont les smartphones, les vendeurs devront désormais afficher une note allant de 1 à 10, censée représenter le caractère "durable" du mobile.

Pour déterminer cette note (d'abord sur 100 avant d'être ramenée à 10) trois critères sont retenus: d'abord la "réparabilité", qui compte pour 45 points, ensuite la "fiabilité", qui compte également pour 45 points, puis enfin "l'amélioration" de l'appareil proposée par le fabricant, qui ne compte que pour 10 points.

Le barème du nouvel indice de durabilité © UE

Pratiques très spécifiques

Dans le volet dédié à la réparabilité, une partie des critères retenus concernent des pratiques qui restent toutefois rares parmi la population, à savoir réparer soi-même son smartphone. La qualité de la documentation est notamment évaluée, ou la facilité avec laquelle le consommateur peut démonter son mobile. Autant de points d'attention qui ne sont pas pertinents si l'on souhaite faire réparer son appareil chez un réparateur certifié, chez son opérateur, chez le fabricant.

Ou tout simplement si l'on ne souhaite pas prendre le risque d'endommager son smartphone, ou de courir un danger en intégrant des composants - tels que la batterie - dont la provenance n'est pas toujours claire.

Le volet "fiabilité" évalue quant à lui la résistance des produits à la poussière ou à l'eau. Un élément qui est généralement rapidement mentionné sur la fiche des smartphones, avec des certifications telles que IP67 ou IP68. Attention toutefois, celles-ci n'impliquent aucune étanchéité ni aucune garantie en cas d'oxydation.

Les mises à jour logicielles peu représentées

La longévité de la batterie est également intégrée à la note, ainsi que la maintenance logicielle, mais uniquement concernant les mises à jour de sécurité. A titre d'exemple, un appareil bénéficiant de mises à jour de sécurité pendant moins de 6 ans n'aura aucun point, tandis qu'un mobile profitant d'au moins 8 ans de mises à jour de sécurité obtiendra le maximum de points.

Mais en l'état actuel du marché, cette grille ne permettra pas de discriminer de nombreux modèles. En dehors de Google, dont les derniers Pixel promettent 7 ans de mises à jour de sécurité, et Apple, qui propose de telles mises à jour pour l'iPhone 6s (2015), toutes les autres marques ne promettent que 4 à 5 ans de mises à jour de sécurité, y compris chez les géants comme Samsung.

Paradoxalement, l'un des principaux critères de durabilité est très faiblement pondéré dans l'indice, à savoir les mises à jour logicielles de fonctionnalités. Ce sont elles qui permettent d'obtenir la dernière version d'Android ou d'iOS. Selon les critères retenus par le gouvernement, elles sont intégrées au volet "amélioration", qui recueille 10% des points seulement.

Un indice fourre-tout

Et là encore, il sera bien difficile d'utiliser cet élément pour faire le tri: pour obtenir le moindre point, il faut assurer de nouvelles versions d'iOS ou Android pendant… 7 ans. Pour l'heure, aucun appareil du marché n'affiche une telle promesse, excepté le Google Pixel 8, dévoilé fin 2023. Même Apple, l'un des meilleurs élèves en la matière, ne promet que 5 à 6 ans de nouvelles versions d'iOS (hors mises à jour de sécurité).

Pour choisir un appareil durable, l'indice de durabilité risque donc de s'afficher très limité, avec une note sur 10 qui intègre des éléments très disparates, qui sont loins de représenter l'ensemble des usages ou des modèles sur le marché.

Avant de passer à la caisse, le plus simple reste donc de scruter plusieurs éléments, qui sont généralement communiqués par les fabricants ou les revendeurs: le nombre d'années de mises à jour logicielles, la certification de résistance à l'eau (IP67 ou IP68), la puissance (un processeur ne peut être changé) et l'autonomie de la batterie, ainsi que le prix des réparations constatés chez les professionnels agréés. Autant d'éléments qui permettront probablement un choix bien plus éclairé et personnalisé, selon ses attentes, qu'une notation très hétérogène.

https://twitter.com/GrablyR Raphaël Grably Rédacteur en chef adjoint Tech & Co