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Agressivité, pensées suicidaires... Pourquoi vous devriez attendre avant de confier un téléphone à votre enfant

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Une étude menée sur plus de 100.000 enfants et adolescents met en évidence une corrélation entre l'obtention d'un téléphone à un jeune âge et le risque de développer un multitude de troubles mentaux.

Les craintes des effets des smartphones sur les plus jeunes semblent se confirmer. Repérée par CNN, une étude publiée dans le Journal of Human Development and Capabilities constate que les téléphones portables ont un effet pernicieux sur les enfants. Elle a été conduite par une équipe de recherche américano-indienne du Sapiens Labs.

L'étude conseille notamment aux parents d'éviter d'offrir un téléphone portable à des enfants de moins de 13 ans. Elle s'appuie sur un échantillon de près de 100.000 jeunes adultes, aujourd'hui âgés de 18 à 24 ans. Les chercheurs se sont notamment intéressés à l'âge d'obtention du premier téléphone.

Plusieurs symptômes

D'après les chercheurs, plus l'obtention d'un smartphone arrive tôt avant 13 ans, pire seront les effets sur la santé mentale dès l'entrée à l'âge adulte. Ainsi, un adulte qui a reçu son premier portable à 5 ans est beaucoup plus enclin à présenter des troubles mentaux qu'un adulte qui l'a eu à 13 ans.

L'âge moyen d'obtention du premier portable n'a pourtant de cesse de diminuer ces dernières années. Cet âge était de 9 ans et 9 mois en France en 2023 selon les chiffres de Médiamétrie.

L'utilisation du téléphone expose l'enfant à de nombreuses dérégulations. La publication note parmi elles "l'accès aux réseaux sociaux", "le cyberharcèlement", "des troubles du sommeil" ou "des relations familiales détériorées". Les chercheurs ont alors trouvé une corrélation entre ces dangers et une palette de troubles mentaux anormaux.

Les auteurs listent une multitude de symptômes comme "la dérégulation émotionnelle", "l'agressivité", "un détachement de la réalité", "des hallucinations" ou "une faible estime de soi". Cela peut aller jusqu'aux "pensées suicidaires" qui concernent 48% des femmes qui ont reçu leur premier smartphone à 5 ou 6 ans (31% pour les hommes).

Sur l'ensemble de ces symptômes, les femmes sont en moyenne 120% fois plus touchées que les hommes.

Des recommandations aux gouvernements

Face à ce constat, les chercheurs derrière l'étude tentent de donner l'alerte. Ils souhaitent que les gouvernements s'emparent rapidement du sujet pour protéger les jeunes générations.

"La relation entre l'obtention précoce d'un smartphone dans l'enfance et les mauvais résultats en matière de santé mentale au début de l'âge adulte - significativement amplifiée par un accès plus précoce aux réseaux sociaux sous algorithme - présente un défi politique évident, en particulier dans le contexte de l'évolution rapide de l'utilisation des technologies", relate le papier.

L'étude propose des recommandations qui "visent à préserver la santé mentale pendant les périodes critiques du développement". Parmi elles, renforcer l'éducation au numérique, mais surtout la vérification d'âge pour accéder aux réseaux sociaux, ainsi que l'interdiction de ces derniers au moins de 13 ans.

La situation en France

En France, la moitié des enfants reçoivent leur premier smartphone à 11 ans. Selon l'étude, l'Europe de l'Ouest est pourtant l'une des régions les plus concernées par une dégradation de la santé mentale, liée à l'obtention précoce d'un téléphone portable.

En juin 2024, Emmanuel Macron avait affirmé vouloir interdire le téléphone aux enfants de moins de 11 ans. "Tous les experts le disent, l'addiction aux écrans est le terreau de toutes les difficultés", a-t-il déclaré.

Plusieurs pistes sont ainsi explorées pour réduire la nocivité des smartphones vis-à-vis des plus jeunes. Dernièrement, le gouvernement français s'est engagé à interdire les réseaux sociaux aux moins de 15 ans. Il pourra s'appuyer sur le déploiement d'une application de vérification de l'âge testée dans cinq pays de l'Union européenne.

Théotim Raguet