Rachat de Twitter: pourquoi Elon Musk ne pourra pas supprimer la modération sur la plateforme

"La liberté d'expression est le fondement d'une démocratie qui fonctionne, et Twitter est une place de village numérique où les sujets vitaux de l'Humanité sont débattus". Dans un communiqué de presse, le milliardaire Elon Musk a commenté son rachat de Twitter pour quelque 44 milliards de dollars ce 25 avril. Il avait déjà évoqué le sujet de la liberté d'expression quelques heures plus tôt, en espérant que même "ses plus ferventes critiques" resteraient sur la plateforme.
Twitter devra respecter la loi
Perçue comme une menace par certains et comme un espoir par d'autres, la promesse d'une liberté d'expression absolue sur Twitter telle que présentée par Elon Musk a pourtant toutes les chances de ne jamais se concrétiser: comme l'a admis lui-même le chef d'entreprise, le réseau social devra se conformer aux lois, partout où il opère.
“Bien sûr, Twitter doit respecter les lois de chaque pays où il opére. Il y a donc des limites à la liberté d’expression [...] et Twitter devra se plier à ces règles” précisait ainsi Elon Musk dans une interview accordée le 14 avril, ajoutant que la plateforme ne devrait toutefois pas aller “plus loin” dans son règlement que le droit commun.
Dans les faits, et même si Twitter assouplit ses règles théoriques de modération - par exemple sur la désinformation au sujet du Covid ou de la guerre en Ukraine - l'entreprise devra se conformer à la réglementation.
Si elle est permissive aux Etats-Unis, elle est très encadrée en Europe. Malgré les promesses d'Elon Musk, Twitter devra en France supprimer des contenus qui lui sont signalés, si ces derniers contiennent par exemple des menaces physiques ou des propos racistes.
Musk face au DSA
Cette modération, dont les moyens sont déjà modestes avec seulement 2000 modérateurs dans le monde, devrait même paradoxalement être amplifiée par le DSA, le futur réglement européen qui contraindra les plateformes en ligne à renforcer leurs équipes dans le domaine tout en faisant preuve de davantage de transparence.
Toujours lors de son interview du 14 avril, Elon Musk a également affirmé ne pas avoir pour principal but de gagner de l'argent avec Twitter, entreprise qui n'a jamais su trouver son modèle économique.
Pour financer la plateforme, il devra malgré tout compter sur les annonceurs, principale source de revenus pour l'entreprise. Des annonceurs qui pourraient se montrer réticents à faire l'éloge de leurs produits et services au milieu d'un torrent de contenus haineux ou choquants.