On a montré le travail de ChatGPT à une prof de philo: voici son constat

ChatGPT serait-il l’arme ultime des paresseux? Dans les écoles du monde entier, le sujet est sur la table. Car le chatbot d’OpenAI a prouvé, depuis sa mise à disposition du public en décembre dernier, sa capacité à proposer des contenus précis et complets sur tous (ou presque) les sujets possibles en quelques secondes seulement.
Mais si l’outil peut faire des prouesses en mathématiques, en histoire ou en langues, que vaut-il lorsqu’il s’agit d’avoir une réflexion philosophique? BFMTV a présenté un plan de ChatGPT sur un des sujets de philosophie du bac 2022 à une professeure de philosophie.
Autant le dire d’emblée: celle-ci s’est montrée particulièrement sévère sur le résultat, même si le fait de savoir que le résultat venait d’un algorithme a forcément pu biaiser en partie son jugement final.
A souligner aussi que les créateurs de ChatGPT empêche désormais la réalisation de dissertation complète, justement pour ne plus alimenter les critiques. Il a fallu donc se contenter d’un plan de dissertation sur le sujet "la liberté consiste-t-elle à n'obéir à personne?".
Voici le résultat généré par ChatGPT.
Pour aborder ce sujet, je commence par définir ce que j’entends par "liberté" et "obéir." Il est également important de considérer les différentes perspectives philosophiques sur la liberté, telles que la liberté comme absence de contrainte ou la liberté comme autodétermination.
Ensuite, je continue d’explorer les arguments en faveur de l'affirmation selon laquelle la liberté consiste à ne pas obéir à personne. Par exemple, certains pourraient soutenir que l'obéissance aux autres entraînent la perte de soi et donc la perte de liberté. D'autre part, j’examine également les arguments contre cette affirmation, tels que la nécessité de certaines formes d'obéissance pour maintenir l'ordre social et la sécurité.
Il est également important de considérer les conséquences pratiques de l'affirmation selon laquelle la liberté consiste à ne pas obéir à personne. Par exemple, comment cela affecterait-il les relations interpersonnelles et les institutions sociales?
Enfin, je complète en apportant une réflexion personnelle pour donner mon point de vue sur le sujet, en justifiant avec des arguments logiques, des références à des philosophes ou des exemples de situations concrètes
Un côté très froid
"Un plan finalement très artificiel qui ne rend pas compte d'une réflexion" tranche d’emblée Marie Perret, professeure agrégée de philosophie et présidente de l'APPEP (Association des professeurs de philosophie de l'enseignement public).
"Ce qu'on attend d'un plan, c'est justement qu'il soit la transcription de la manière dont l'élève a réfléchi sur le sujet qu'il a choisi de traiter. Et d'ailleurs il y a un côté très froid quand on lit le texte" poursuit-elle. "Quand un élève choisi de traiter un sujet de dissertation, généralement, c'est parce que il y a quelque chose dans la question qui l'a interpellé."
Et la professeure de souligner la démarche de l’IA. "Il y a d'abord la première phrase pour aborder ce sujet" commente-t-elle. "‘Je commence par définir ce que j'entends par liberté et obéir’. Mais c'est précisément ce qu'on demande aux élèves de ne pas faire. Comment voulez vous définir la liberté en quelques lignes" martèle la professeure.
Clairement, la démarche de ChatGPT n’a pas convaincu la professeure qui n’aurait surement pas mis la moyenne au bac. Faut-il y voir les limites de l’outil? Les limitations fixées par OpenAI jouent en partie sur le résultat mais il ne faudrait pas non plus oublier que c’est la 3ème version de l’IA et que d’autres, toujours plus efficaces arriveront. Reste que pour le moment, la réflexion n’est pas encore l’apanage de la machine.