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Human Right Watch demande à Microsoft de renoncer à son centre de données en Arabie saoudite

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L'ONG estime que l’installation d’un centre de données en Arabie saoudite risque d’engendrer un espionnage des personnes à travers leur données transitant dans le pays.

Microsoft ne serait pas en mesure de protéger les informations du centre de données qu’il souhaite installer en Arabie saoudite. C’est du moins les conclusions de l’ONG Human Right Watch, qui défend les droits humains. Elle a appelé ce jeudi l’entreprise américaine a suspendre ses investissements - annoncés en février - pour construire un centre de données dans le pays.

La politique de l’Arabie saoudite en matière de protection des données serait trop laxiste pour prendre le risque d’y faire transiter des données. L’ONG anticipe d’ores et déjà un espionnage des personnes à travers les informations qu’une telle structure pourrait contenir.

Des risques pour les droits humains

"Les autorités saoudiennes ont gravement violé le droit à la vie privée de leurs propres citoyens en piratant des téléphones, en infiltrant de grandes entreprises technologiques et en adoptant des lois accordant des pouvoirs de surveillance étendus aux entités gouvernementales", a déclaré Arvind Ganesan, directeur de la justice économique et des droits de l'Homme chez Human Rights Watch.

Le responsable de l’organisation appelle Microsoft à ne pas fermer les yeux sur ces abus. Ainsi, il demande au géant américain de suspendre son projet "jusqu’à ce que l’entreprise puisse expliquer de manière significative comment elle atténuera les risques en matière de droits humains".

Ces craintes sont motivées par la possibilité du gouvernement d’obliger Microsoft à lui donner accès au contenu de son centre de données. Une loi anti-cybercriminalité de 2007 punit la création, l’échange et le stockage de tout matériel portant atteinte à l’ordre public, aux valeurs religieuses, à la morale publique ou à la vie privée.

Des condamnations liés à l'activité sur Twitter

Ce texte pourrait contraindre le géant américain à fournir des données d’utilisateurs aux autorités locales. Mais Human Right Watch pointe le manque de cadre clair lié à ces obligations. Selon l’ONG, l’Arabie saoudite pourrait utiliser cette loi de manière abusive.

L'année dernière, Salma al-Shehab, doctorante à Leeds et mère de deux enfants, a été condamnée à 34 ans de prison pour avoir un compte Twitter et avoir suivi et retweeté des dissidents et des militants. Une autre femme, Noura al-Qahtani, a été condamnée à 45 ans de prison pour avoir utilisé ce même réseau social.

"Microsoft devrait faire passer les droits avant tout et ne pas devenir un outil permettant aux autorités saoudiennes d'espionner davantage les personnes dont les données se trouvent en Arabie saoudite", a conclu Arvin Ganesan.

Pierre Monnier