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"La Chine m'inquiète": Sam Altman met en garde contre les progrès chinois dans l'IA

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Le patron d'OpenAI, entreprise derrière ChatGPT, invite les Américains à ne pas sous-estimer la Chine en matière d'innovation. Il explique que les restrictions sur l'exportation de puces pourraient n'avoir que peu d'impact.

"Je ne pense pas que ce soit aussi simple que: est-ce les États-Unis ou la Chine en tête?" Dans une interview accordée à CNBC, Sam Altman, le patron d'OpenAI, alerte face aux progrès de la Chine en matière d'intelligence artificielle. Il constate notamment que les États-Unis sous-estiment les capacités du pays d'Asie dans ce domaine.

"La Chine m'inquiète", avoue Sam Altman.

Les États-Unis se sont longtemps pensés en tête dans la course à l'IA. Mais cette place de leader a été remise en question en janvier 2025 avec la sortie surprenante de Deepseek, un modèle chinois, concurrent aux géants américains comme ChatGPT. Il était particulièrement redouté à cause de sa puissance de calcul, pour une consommation en ressources moindre.

L'exportation de puce contrôlée, inefficace?

Bien avant Deepseek, en 2022, Joe Biden avait mis en place le Chips Act, un texte qui limitait l'exportation des puces électroniques américaines vers la Chine. Donald Trump a d'abord porsuivi ce plan, en interdisant la vente de puces aux Chinois, avant de se raviser, préférant une exportation contrôlée.

Sam Altman doute de cette stratégie pour entraver l'innovation chinoise. Les restrictions mises en place par le gouvernement américain pourraient ne pas suffire selon le patron d'OpenAI, elles encouragent la Chine à construire ses composants électroniques en interne. Il est notamment dit que Huawei pourrait subvenir à la demande de puces du pays.

"Vous pouvez contrôler les exportations d'un produit, mais ce n'est peut-être pas le bon produit... Les gens pourraient construire des usines ou trouver d'autres solutions de contournement. (...) J'aimerais bien qu'il y ait une solution simple, mais mon instinct me dit que c'est difficile", explique Sam Altman à CNBC.

Des modèles plus ouverts

Le patron d'OpenAI craint surtout que Deepseek devienne un modèle privilégié pour la recherche. La raison? L'IA chinoise est un modèle "open source", c'est-à-dire un modèle dont le code informatique et les données d'entraînement sont accessibles à tous. Ce type d'IA transparente peut ainsi être modifié par n'importe qui. Cette flexibilité peut notamment intéresser la recherche et les développeurs.

C'est pourquoi OpenAI, au début du mois d'août, a sorti deux modèles en "open weight", c'est-à-dire que le code n'est pas entièrement accessible, mais l'IA peut être modifiée et paramétrée selon les désirs de l'utilisateur. Depuis 2022, les versions de ChatGPT étaient en "closed source", cela signifie que le code était inaccessible.

"Il était clair que si nous ne le faisions pas (le passage à l''open weight', ndlr), le monde allait se construire principalement sur des modèles 'open source' chinois. Cela a certainement influencé notre décision. Ce n'était pas le seul facteur, mais il a joué un rôle important", précise Sam Altman dans son interview.

Deux visions de l'IA

Aujourd'hui, sur l'IA, deux visions différentes s'opposent entre les États-Unis et la Chine. Pour maintenir leur place de leader, les Américains encouragent un développement débridé de l'IA. Donald Trump déclarait d'ailleurs vouloir "identifier, revoir ou abroger les réglementations, règles, mémorandums, arrêtés administratifs et accords inter-institutions qui entravent inutilement le développement ou le déploiement de l'IA".

Cette urgence va pourtant à l'encontre des recommandations des parrains de l'IA, Yoshua Bengio et Geoffrey Hinton. Ces derniers se sont en faveur d'un développement de l'IA beaucoup plus contrôlé.

De son côté, la Chine montre un intérêt tout aussi marqué pour la recherche en IA. Elle organisait fin juillet 2025, la World AI Conference (conférence mondiale sur l'IA) de Shanghai. Le Premier ministre chinois a pu s'exprimer à l'occasion de cet évènement, et annoncé vouloir mettre en place un encadrement international autour de l'IA.

"La gouvernance mondiale de l'IA reste globalement fragmentée. (...) Nous devons renforcer la coordination afin de mettre en place dès que possible un cadre mondial de gouvernance de l'IA qui fasse l'objet d'un large consensus."

Un autre domaine similaire dans lequel rayonne la Chine est la robotique. Pékin organisait entre le 15 et le 17 août les Jeux mondiaux de robotique humanoïde. 16 pays y ont participé, mais ce sont les ingénieurs chinois qui ont largement dominé la compétition.

Théotim Raguet