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"Un moment Spoutnik": Deepseek, l’IA chinoise plus forte que ChatGPT qui alarme la Silicon Valley

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Depuis quelques jours, la startup chinoise Deepseek ne cesse de faire parler d’elle, avec des modèles d’IA rivalisant, voire dépassant ceux d’OpenAI.

Un sérieux concurrent pour ChatGPT. Ces derniers jours, une autre IA fait beaucoup parler d’elle. D’origine chinoise, elle a été conçue par la société Deepseek, créée en 2023 par l’investisseur Liang Wengfeng. Depuis fin décembre, elle a dévoilé plusieurs modèles d’intelligence artificielle, à commencer par V3, qui alimente le chatbot Deepseek.

Depuis le 15 janvier, l’entreprise permet d’ailleurs de converser avec cette IA dans une application mobile, comme avec ChatGPT. Elle est parvenue à détrôner le chatbot d'OpenAI sur l’App Store d’Apple aux États-Unis, devenant l’application gratuite la plus téléchargée. En France, elle figure à la deuxième place de ce classement, juste derrière ChatGPT.

Les mêmes performances à un moindre coût

Deepseek ne s’est pas arrêté là. Le 20 janvier, la société a dévoilé R1, un modèle d’IA spécialisé dans la résolution de problèmes complexes, en mathématiques ou en chimie par exemple. Ses performances se comparent à o1, le modèle d’OpenAI dotée de capacités de raisonnement pour répondre à des questions plus complexes lancées en septembre dernier.

Depuis, nombre d’utilisateurs vantent ses capacités par rapport à celles de ChatGPT. "Au revoir ChatGPT. Cela ne fait que 5 jours que Deepseek R1 est sorti, et le monde est déjà époustouflé par son potentiel", a par exemple écrit un utilisateur sur X.

Et, l’entreprise y serait parvenue en investissant beaucoup moins d’argent qu’OpenAI et ses autres rivaux américains pour l’entraîner. Cela lui aurait coûté 5,6 millions de dollars, alors qu’Anthropic, société américaine connue pour le chatbot Claude, estime qu’il faut dépenser entre 100 millions et 1 milliard de dollars pour construire un modèle. On ignore cependant avec quelles données Deepseek a été entraînée.

Inquiétudes au sein de la Silicon Valley

Là où les entreprises américaines proposent une version gratuite et un ou plusieurs abonnements pour utiliser leur IA, celle de Deepseek est entièrement gratuite. Son succès et ses performances impressionnent et inquiètent d’ailleurs la Silicon Valley elle-même.

"Deepseek R1 est le moment Spoutnik de l’IA, a déclaré Marc Andreessen, spécialise du capital-risque et de l’investissement, et soutien de Donald Trump, ce dimanche 26 janvier sur X.

Faisant référence au lancement en 1957 par l'Union soviétique du premier satellite artificiel en orbite, prenant de court les Etats-Unis.

Deux jours avant, il avait déjà qualifié R1 de "l’une des avancées les plus étonnantes et les plus impressionnantes que j’ai jamais vues –et en tant qu’open source, un important cadeau au monde".

Comme Meta, Deepseek a en effet adopté une approche open source, rendant le code informatique de ses outils accessibles à tous. "Aux gens qui pensent 'La Chine surpasse les États-Unis en matière d’IA', la pensée correcte est ‘Les modèles open source surpassent les modèles fermés", a d’ailleurs réagi Yann LeCun, directeur scientifique pour l’IA chez Meta à ce sujet.

À noter que contrairement à ChatGPT et aux autres IA américaines, Deepseek ne peut cependant pas répondre à certaines questions à cause de la censure chinoise.

Autrement dit, il ne critiquera pas le gouvernement chinois et demandera à parler d'autre chose s'il est interrogé sur le président Xi Jinping. Il refusera aussi de répondre si l'utilisateur lui demande ce qu’il s’est passé sur la place Tian’anmen en 1989. Reste à voir si cette IA chinoise parviendra à s’imposer sur le long terme dans le secteur de l’IA ou s'il ne s'agit que d'un buzz éphémère. En attendant, face à l'afflux de nouveaux inscrits, l'application fait face à une panne, qui empêche les nouveaux utilisateurs de s'inscrire.

Kesso Diallo