Tech&Co Intelligence artificielle
Intelligence artificielle

Qui est Xania Monet, la chanteuse IA qui a signé un contrat de plusieurs millions de dollars?

placeholder video
Xania Monet, créée grâce à l'intelligence artificielle, a déjà décroché un contrat de plusieurs millions de dollars. Un événement qui suscite des mécontentements dans le secteur de la chanson.

Quand la musique est bonne… peu importe si le chanteur est un robot. Xania Monet fait son entrée dans les charts américains avec une voix qui rappelle à la fois celle de Beyoncé et d'Alicia Keys. Ce qui la distingue pourtant, c’est qu’elle n’est pas une artiste humaine: elle est en effet entièrement générée par intelligence artificielle.

Cette particularité n’a pas empêché le label Hallwood Medias de signer avec elle un impressionnant contrat, marquant ainsi une grande première dans l’industrie musicale.

Des millions d'écoutes sur Spotify

Depuis quelques mois, cette "chanteuse artificielle" connaît un succès notable aux États-Unis. Son titre “How Was I Supposed To Know?”, extrait de l’album Unfolded, sorti en août, totalise près de deux millions d’écoutes sur Spotify. Cette ballade RnB évoque le style de plusieurs grandes figures du genre, mais les voix, instruments et arrangements ne sont que le fruit d’algorithmes.

Derrière cette création, on trouve Telisha Jones, une Américaine de 31 ans. Elle écrit les textes originaux et utilise la plateforme Suno pour faire générer les morceaux selon ses indications.

La plateforme Suno, qui permet de créer de la musique grâce à une IA générative en spécifiant le style, la structure et l’ambiance, est elle-même sous le feu des critiques. Les majors Universal, Warner et Sony l’accusent d’avoir exploité illégalement leurs catalogues pour entraîner ses algorithmes, ce qui soulève de nombreuses questions sur la légalité et l’éthique de ce type de création.

Un juteux contrat

Malgré ces controverses, Hallwood Medias, dirigé par Neil Jacobson, ancien cadre d’Interscope, a fait le pari de signer non seulement Xania Monet, mais aussi d’autres artistes virtuels. Le magazine musical spécialisé Billboard avance le chiffre de 3 millions de dollars (plus de 2,5 millions d’euros) pour mettre la main sur la “chanteuse virtuelle”.

Si le public continue de s’enthousiasmer pour ces voix synthétiques, la frontière entre création artistique et technologie soulève désormais d’importants défis juridiques, notamment en matière de droit d’auteur, de protection des œuvres et de reconnaissance des artistes. En sourdine, lancinant et syncopé, voici donc l'avènement de l'algorithm 'n' blues.

Raphaël Raffray et Pierre Berge-Cia