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"Intimidation et protectionnisme": la Chine fustige les nouvelles mesures américaines sur les puces électroniques

Le drapeau chinois flottant devant un gratte-ciel de la ville de Shanghai (photo d'illustration).

Le drapeau chinois flottant devant un gratte-ciel de la ville de Shanghai (photo d'illustration). - Pixabay

Les États-Unis ont dévoilé de nouvelles directives qui "avertissent", entre autres, "le public des conséquences potentielles qu'induiraient le fait de laisser des puces américaines être utilisées" pour développer des "modèles chinois d'IA".

La Chine a promis mercredi des "mesures fermes" en réponse aux nouvelles recommandations de l'administration Trump sur l'utilisation de puces électroniques avancées, dénonçant une tentative d'"intimidation".

Washington a renforcé ces dernières années ses efforts pour limiter les exportations de puces dernier cri vers la Chine, craignant qu'elles ne servent à l'armée chinoise et soucieux de conserver la domination américaine dans le domaine de l'intelligence artificielle (IA).

L'administration du président américain Donald Trump a certes annulé la semaine dernière certaines restrictions sur l'exportation de ces semi-conducteurs avancés, répondant aux appels de plusieurs pays qui s'inquiétaient d'être écartés de technologies essentielles au développement de l'IA.

"Un unilatéralisme typique, mêlant intimidation et protectionnisme"

Ces nouvelles règles, qui devaient s'ajouter, à partir du 15 mai, à des contrôles déjà mis en place en 2022 et 2023, avaient été annoncées par le gouvernement de Joe Biden mi-janvier, quelques jours seulement avant la fin de son mandat.

Mais parallèlement à leur annulation, le ministère américain du Commerce a dévoilé de nouvelles directives qui "avertissent", entre autres, "le public des conséquences potentielles qu'induiraient le fait de laisser des puces américaines être utilisées" pour développer des "modèles chinois d'IA".

Pékin a vivement régi mercredi. "Les mesures américaines relèvent d'un unilatéralisme typique, mêlant intimidation et protectionnisme, et portent gravement atteinte à la stabilité des chaînes industrielles et d'approvisionnement mondiales dans le secteur des semi-conducteurs", a déclaré mercredi un porte-parole du ministère chinois du Commerce dans un communiqué, promettant des "mesures fermes" en réponse.

Les contrôles restent en vigueur

Le département du Commerce a expliqué que sa politique visait à partager la technologie américaine en matière d'IA "avec des pays étrangers de confiance à travers le monde, tout en empêchant qu'elle ne tombe entre les mains de nos adversaires".

Ces consignes n'ajoutent pas de caractère contraignant, à la différence des nouvelles restrictions qu'avait prévues le gouvernement Biden. Les contrôles à l'exportation existants restent toutefois en vigueur.

Pékin a accusé Washington d'"abuser des contrôles à l'exportation pour contenir et réprimer la Chine".

Un "échec" pour le patron de Nvidia

Les règles prévues par l'administration Biden et qui devaient s'appliquer au 15 mai prévoyaient d'interdir ou de restreindre les exportations des puces les plus sophistiquées vers la Chine, notamment celles permettant de développer des technologies d'intelligence artificielle (IA) de pointe et des superordinateurs

Des fabricants américains de puces comme Nvidia et AMD ont fait pression contre ces restrictions. Le PDG de Nvidia, Jensen Huang, a jugé mercredi que cette politique avait échoué du fait du développement de technologies locales par les entreprises du géant asiatique.

"Les entreprises locales (chinoises, ndlr) sont très très talentueuses et très déterminées, et le contrôle des exportations leur a donné l'état d'esprit, l'énergie et le soutien du gouvernement pour accélérer leur développement", a déclaré M. Huang.

"Je pense que, dans l'ensemble, le contrôle des exportations a été un échec", a ajouté le patron de la multinationale américaine.
Marine Cardot avec AFP