"La France est très particulière": existe-t-il une "french touch" du jeu vidéo?

Il suffit de jeter un œil au stand Ubisoft, installé cette semaine pour la Paris Games Week: "100% des jeux montrés viennent de nos studios français, de nos talents français" explique fièrement, à Tech&Co, Xavier Poix, le directeur des studios français d’Ubisoft. Du chauvinisme? Non, un hasard du calendrier mais surtout la démonstration que la France s'est définitivement fait une place au niveau mondial dans le secteur des jeux vidéo.
Les studios français ne sont pas nouveaux et, au-delà d'Ubisoft, certains noms comme Quantic Dream, ont déjà acquis une vraie renommée. Mais la France est désormais aussi au cœur des plus grosses productions du moment.
Ubisoft en est la preuve: le dernier opus d'Assassin's Creed vient de Bordeaux. Le prochain jeu Prince of Persia est développé à Montpellier. Le jeu de course The Crew Motorfest est une création lyonnaise. Quant à la surprise Jusant de Don't Nod, elle est un pur produit de la capitale.

"C'est une explosion de contenus, de jeux très diversifiés" se félicite encore Xavier Poix. D'autant que ces jeux – du moins ceux qui sont sortis – sont des succès critiques et souvent commerciaux.
"La France est très particulière"
Et ils ne sont qu'une petite partie du foisonnant écosystème français dans le jeu vidéo. L'année dernière, le studio montpelliérain BlueTwelve Studio a frappé fort avec Stray, une simulation féline, sacrée meilleur jeu indépendant aux Game Awards à Los Angeles. L'année d'avant, Arkane Studios remportait un prix dans cette même cérémonie pour Dishonored 2. Et deux ans auparavant, Microsoft Flight Simulator permettait au studio bordelais Asobo d'y obtenir un trophée.

"On a des studios de très grande qualité, une industrie dynamique" reconnait d'ailleurs au micro de Tech&Co Cédric Mimouni, responsable de Xbox France, citant notamment les derniers jeux tricolores à intégrer son offre cloud (Jusant et Wartales).
Mais faut-il y voir un savoir-faire français, sorte de "french touch" du jeu vidéo? "La France est très particulière" explique Xavier Poix, d'Ubisoft.
"C'est la meilleure association entre la technologie et le domaine artistique" souligne-t-il. "On ne s'en rend pas compte, mais en France, on baigne dans les deux domaines qui sont les deux vraies expertises françaises en termes d'art, d'architecture, de musique, de BD… Le jeu vidéo rassemble tout ça. Il est vraiment au carrefour de la technologie et de l'artistique. C'est pour ça que les studios français sont si bons."
Véritable petite pépite, sortie en septembre dernier, Chants of Sennaar est peut-être le meilleur exemple. Développé par Rundisc, il met en scène un voyageur muet, dans un monde qu'il ne connaît pas et ne comprend pas. Cette quête linguistique a reçu une kyrielle de louanges de la part de la critique pour son originalité mais aussi son design.
"Au niveau artistique, c'est l'architecture qui nous a influencés le plus, notamment l'architecture romane puisqu'on vient de Toulouse" explique à Tech&Co Julien Moya, co-fondateur du studio. "Ensuite, on a élargi le spectre à des tas d'architectures différentes. Et puis au niveau du style, il y a la BD franco-belge" précise-t-il, citant les auteurs Mœbius et Philippe Druillet.
De Dordogne à Sifu, en passant par le très attendu Star Wars Eclipse, la "french touch" doit néanmoins encore trouver son équilibre économique, entre les gros projets et les sorties plus confidentielles.