Derrière A Plague Tale, le studio français Asobo, devenu une référence mondiale du jeu vidéo

Grâce à A Plague Tale et Flight Simulator, le développeur français de jeux vidéo fait désormais partie des piliers du gaming français. Une renommée qui leur permet de travailler avec les plus grosses entreprises, comme Microsoft.

Un vingtième anniversaire, ça se fête. Et pour célébrer les 20 ans depuis leur création, le studio Asobo a décidé de revenir de manière triomphale, avec la sortie de leur nouveau jeu, A Plague Tale: Requiem. Une suite du premier opus "Innocence" qui avait fait grand bruit à sa sortie en 2019. Depuis, Asobo ("amusons-nous" en japonais) continue d’accroître ses effectifs, sa notoriété et ses talents. Avec l’optique de garder son statut de fleuron du jeu vidéo français, et peut-être bientôt mondial.

Une confiance accordée par les géants de l’animation

Créé en octobre 2002, le studio Asobo naît des esprits de 12 cofondateurs et amis, anciens collègues chez Kalisto (ancien studio de développement de jeux vidéo). L’aventure débute alors avec SuperFarm, regroupant plusieurs mini-jeux sur le thème de la ferme, et racheté à Kalisto lors de sa liquidation. S’en suivent plusieurs sorties de jeux d’action et d’aventure jusqu’en 2007, où Asobo tape dans l’œil du géant du film d’animation Pixar.

Le mastodonte américain décide alors d’entamer une collaboration sur le long terme avec le studio français. Leur partenariat débute avec le développement du jeu Ratatouille, dérivé du film éponyme. Le jeu sortira sur la plupart des consoles de l’époque et sera vendu à plus de 2,5 millions d’exemplaires. Cette adaptation remportera même le prix de meilleur jeu vidéo d’animation à la 35eme cérémonie des Annie Awards (cérémonie américaine consacrée aux films d’animation). Asobo est à nouveau choisi par l’entreprise américaine, et ce à plusieurs reprises, pour adapter les films WALL-E, Là-haut et Toy Story 3 en jeu vidéo.

Les plus grandes compagnies de l’industrie du divertissement font désormais partie du catalogue de clients d’Asobo Studio. Autre que Pixar, ce sont aussi Disney, Universal, Fox ou encore Hasbro qui ont accordé leurs licences au studio français. Leur objectif est le même qu’avec Pixar: adapter des créations connues de tous sur les consoles de jeux vidéo.

Microsoft comme partenaire privilégié

En se revendiquant comme premier studio indépendant de jeux vidéo en France, Asobo Studio a aussi attiré d’autres entreprises mondialement connues. Microsoft collabore notamment avec le studio depuis plusieurs années. De la détection de mouvements avec la caméra Kinect à la réalité augmentée avec la paire de lunettes HoloLens, Asobo a accompagné Microsoft dans toutes ses innovations technologiques.

Le studio français a par exemple développé Holotour, un guide touristique fonctionnant avec la réalité augmentée. Le développeur a aussi travaillé sur deux jeux prévus pour HoloLens: Fragments, un jeu d’enquête dans lequel les joueurs incarnent un inspecteur de police; et Young Conker, un jeu de plateformes qui s’adapte à l’environnement du joueur. Aboso devenait ainsi le premier studio indépendant à livrer des jeux compatibles avec le casque de réalité virtuelle de Microsoft.

Plus récemment, Microsoft a aussi souhaité dépoussiérer son jeu de simulation Flight Simulator. Pour ce faire, l’entreprise américaine a logiquement fait appel aux développeurs français. Une aubaine pour le studio, qui a une fois de plus accentué sa notoriété grâce à ce nouveau succès. Plus de deux millions de joueurs ont en effet découvert ou redécouvert le célèbre simulateur de vol, cette fois-ci amélioré par l’intelligence artificielle, les données satellite et le cloud.

Des récompenses qui tombent les unes après les autres

Les dernières sorties d’Asobo Studio sont, en plus d’être devenues des succès commerciaux, devenues des succès critiques. D’abord avec A Plague Tale: Innocence, jeu créé de A à Z, qui a connu un succès surprise à sa sortie en 2019. Le jeu d’aventure mettait en scène un royaume de France ravagé par la peste et des vagues de rats. L’épopée médiévale a par la suite été récompensée à de multiples reprises, en particulier lors de la cérémonie des Pégase 2020. Nommé dans sept catégories, A Plague Tale est reparti avec six récompenses, dont celle du meilleur jeu vidéo de l’année.

Et Asobo ne s’est pas arrêté ici puisqu’en 2021, la statuette de meilleur jeu de l’année a été remportée par Microsoft Flight Simulator. Le jeu de simulation d’aviation avait alors aussi raflé le prix de la meilleure expérience visuelle et du meilleur service d’exploitation.

L’avenir semble aujourd’hui au beau fixe pour Asobo. Le studio compte aujourd’hui plus de 220 salariés dans ses locaux bordelais et a enregistré en 2020 un chiffre d’affaires de 18 millions d’euros. Depuis sa création, l’entreprise française a développé 25 jeux vidéo qui se sont vendus à 13 millions d’exemplaires au total.

Et le nouveau venu A Plague Tale: Requiem, sorti le 18 octobre dernier, risque bien de perpétuer le succès du studio. Asobo continue même d’explorer de nouvelles technologies avec la création d’Holoforge, sorte de spin-off d’Asobo Studio avec déjà une vingtaine d’employés, entièrement consacré à la réalité mixte et à la réalité augmentée.

Julie Ragot