On a essayé la Nintendo Switch 2: vaut-elle ses 470 euros?

Tech&Co a pu approcher la Nintendo Switch 2 et tester de multiples jeux qui viendront animer la nouvelle console hybride attendue pour le 5 juin, à un prix bien plus élevé qu’attendu.

C’est dans le cadre feutré du Grand Palais de Paris que fans et curieux vont pouvoir approcher la Nintendo Switch 2 à compter de ce 4 avril. Présentée en longueur mercredi, la future console hybride suscite beaucoup d’interrogations. Tout d’abord sur sa capacité à apporter du véritable changement par rapport à la Switch. Mais surtout pour justifier le prix de la console - 470 euros sans jeu - et celui des jeux - jusqu'à 90 euros - qui ont fait beaucoup débat à l’issue de la présentation.

Tech&Co a pu s’en faire un premier avis après plusieurs heures entre les mains.

· Un design plus premium

Elle ressemble à la Switch et son lien de parenté est évident au-delà de son nom. Mais elle en est très clairement une version évoluée. Tout d’abord par son design noir qui lui donne une sensation globale beaucoup plus premium et fait élégamment ressortir ses traits de couleurs autour des sticks ou des Joy-Con.

La Nintendo Switch 2 dans toutes ses configurations possibles © Tech&Co

En main, avec son écran de 7,9 pouces et ses Joy-Con plus larges, elle est évidemment plus massive, mais reste facile à utiliser. En revanche, on aurait aimé que Nintendo parvienne enfin à réduire les bordures d’écran toujours épaisses à l’heure de l’amaigrissement général sur tous les appareils. Si vous aviez un écran Oled, vous risquez de voir la différence avec l’écran LCD à venir, même s’il est très bien calibré. Mais, il est désormais en 1080p au lieu de 720p comme avant et pourra supporter des jeux jusqu’en 120 Hz. Pour la 4K, il faudra raccorder la console à votre téléviseur.

Le large pied au dos renforce la stabilité et le confort, ce qui sera essentiel si vous voulez jouer en déplacement à plusieurs face à l’écran posé sur une table ou autre.

La Switch 2 va arriver avec de nombreux accessoires (caméra, manette pro, etc.) qui seront assortis et dans le même matériau. Le tout fait nettement moins plastique et "enfantin" que la toute première Switch. Une montée en gamme certaine pour séduire aussi des joueurs plus matures.

· Des Joy-Con plus agréables en main et polyvalents

Les Joy-Con sont plus larges sur la Switch 2. Manettes en main, la différence se sent tout de suite. Ils font plus solides, plus réactifs aussi. Et surtout les deux manettes se détachent très facilement à présent, d’un clic faisable même d’une main. Sur Mario Kart World, ils se montrent même très sensibles à la moindre commande. Il faut un temps d’adaptation pour éviter de finir du mauvais côté de la route ou de rater son virage.

Les Joy-Con de la Nintendo Switch 2 © Tech&Co

Nous avons pu tester la version "souris" des Joy-Con sur plusieurs jeux et c’est une bonne surprise, même si on doute du nombre de jeux qui en feront usage. Super Mario Party Jamboree proposera une mise à jour payante avec l’arrivée d’un mode Jamboree TV qui utilise notamment la manette en mode souris pour divers jeux où il faut attraper des objets pour les déplacer, pour grimper, glisser au Air Hockey façon butoirs pour renvoyer le palet. C’est plus simple que de le faire au pointeur du Joy-Con comme avant, mais cela nécessite d’avoir une surface plane pour faire "rouler" la souris. Et cela peut être même votre jean !

Nous en avons fait l’essai avec le jeu Drag x Drive, un jeu de handibasket qui utilise les deux Joy-Con en mode souris pour simuler les mouvements sur les roues. Il n’y a d’ailleurs pas besoin d’activer une option ou un mode pour passer en version souris. Le Joy-Con détecte automatiquement le passage à la verticale sur une surface (il faut aussi que le cache sur le haut du Joy-Con soit installé). Il faut ensuite se faire les bras en activant chaque manette en parallèle sur la longueur, comme vous tourneriez les roues, ou bien à gauche ou à droite selon le virage à prendre).

· GameChat/bouton C

Nous n’avons pas pu tester le fameux nouveau bouton C ni les fonctions GameChat qui n’étaient pas activées lors de la démonstration. Nintendo promet d’en dire davantage dans les prochaines semaines sur cette option qui active le chat vocal ou vidéo avec vos amis. Gratuit dans un premier temps, GameChat nécessitera d’avoir un abonnement Nintendo Switch Online à compter du 1er avril 2026.

· Des jeux plus variés

À l’occasion de cette première approche de la Switch 2, nous avons pu nous essayer à différents types de jeu. Les jeux maison sont évidemment les plus performants et optimisés pour la nouvelle puissance intégrée. Ils sont tous plus beaux visuellement, plus fluides aussi, notamment la version Switch 2 Edition de The Legend of Zelda: Breath of the Wild qui tournait. Le jeu était déjà somptueux, avec la mise à jour, il rendrait l’ancien presque saccadé à côté. Les effets de lumière aident à lui donner une nouvelle tonalité.

Mario Kart World, jeu qui accompagne le lancement de la console le 5 juin, est tel qu’on l’espérait: plus ambitieux avec ses 24 concurrents sur la ligne de départ, plus vaste, plus dynamique aussi hors course et plus engageant. Il grouille d’éléments et de possibilités tout autour, vous pouvez plus facilement sortir des sentiers battus pour voir la course différemment.

La météo comme l’effet jour-nuit se ressentent vraiment. C’est du Mario Kart plus moderne, avec une continuité d’une course à l’autre rendu possible. Si, sur ce que l’on en a vu, il donne évidemment envie de prendre le volant, on a quand même un peu de mal à comprendre comment il pourrait passer de 50 euros pour Mario Kart 8 Deluxe à 80 voire 90 euros pour son successeur tant les changements n’ont pas eu le temps de nous paraître révolutionnaires en quelques minutes de jeu.

En revanche, l’une des bonnes surprises chez Nintendo vient de la renaissance de Donkey Kong avec Donkey Kong Bananza. C’est une véritable cure de jouvence pour le gorille emblématique du fabricant. Le jeu s’offre un monde ouvert, un vrai jeu en 3D avec des capacités renforcées qui profitent pleinement de la puissance de la console. Donkey Kong peut faire beaucoup plus de choses (creuser, tout casser, ramasser des bananes évidemment, grimper…), mais surtout tout détruire du décor. Au risque de vous faire tomber dans l’eau ou dans le vide si vous allez trop loin.

Et le monde reste impacté par votre folie destructrice (ou créative, c’est selon). C’est satisfaisant d’avoir cette liberté sans que la console ne tire la langue.

Et ce sont sans doute les éditeurs tiers désormais présents qui montrent le mieux les nouvelles performances promises par la Switch 2. Certes, certains jeux sont déjà connus, mais les voir tourner sans souci sur la nouvelle venue est aussi gageur de possibilités.

Nous avons notamment été impressionnés par la qualité visuelle et la fluidité de Cyberpunk 2077 Ultimate Edition (qui regroupe le jeu et ses extensions). Ce n’est pas équivalent à la version PS5/Xbox Series, mais cela tourne bien mieux que lors du lancement chaotique sur PS4 et Xbox One. Il en va de même pour Street Fighter 6 ou encore Hogwarts Legacy, dont la version Switch avait été calamiteuse. Sur la Switch 2, cela n’a plus rien à voir.

· Notre premier ressenti

Après quelques heures à tester la Switch 2 à travers plusieurs démonstrations, il est difficile de se faire une idée globale de la capacité de la console. Nous n’avons par exemple pas eu accès à son interface, aux fonctions de partage de jeux ou encore au bouton C et son espace de chat avec ses amis. En termes de ressenti en main, elle est en tout cas bien plus élégante et agréable, bien plus massive en tout cas en version console portable. 

En tout cas, le premier enseignement tient de ses performances. La montée en gamme est réelle, même s’il ne faut pas la ranger dans la même catégorie que les dernières consoles très haut de gamme. Elle paraît combler un vide, en partie seulement. Les jeux Nintendo et éditeurs tiers que nous avons pu tester s’apparentent davantage de prime abord à des versions PS4 Pro d’excellente facture pour certains. La Switch 2 va pouvoir proposer davantage de jeux de type différents, ce sera clairement sa richesse par rapport à sa prédécesseure, avec des jeux plus matures et les stars habituelles, dont un nouveau et choupinet Kirby Air Riders.

Si l’effet souris des Joy-Con apporte un petit plus — qui va aussi avec le délire voulu de l’évolution de Super Mario Party Jamboree avec intégration par webcam, micro et autre des joueurs — pourrait changer la donne, on craint aussi que ce soit un effet waouh de démarrage et tombé aux oubliettes par la suite.

Nintendo compte sur les jeux de tir sans doute pour maintenir l’intérêt. Est-ce que cela justifie les 470 euros à débourser? La question reste entière. On en a une partie de la réponse avec la puissance. Mais ce fut trop rapide comme premier contact pour en être totalement persuadé de son intérêt.

Melinda Davan-Soulas