Tech&Co
Gaming

"Kingdom Come Deliverance 2": comment une romance gay contribue au succès du jeu face aux "anti-wokes"

placeholder video
Disponible depuis une dizaine de jours, le nouvel opus de la saga de Warhorse Studios s'est fait remarquer grâce à son réalisme exacerbé, mais également pour sa romance gay aussi discrète qu'appréciée.

Les fans de Moyen-Âge peuvent profiter depuis une dizaine de jours d'un jeu particulièrement réaliste sur cette époque: Kingdom Come Deliverance 2. L'histoire prend place dans le royaume de Bohême au 15e siècle. Une période où se retrouve Henry, fils de forgeron, qui a vu ses parents mourir pendant un massacre.

Dans la suite - qui ne nécessite pas d'avoir fait le premier jeu - on retrouve Henry en compagnie de Hans, un noble chevalier. Ensemble, ils doivent convaincre un seigneur de rejoindre leur armée. En résulte alors une épopée sans la moindre trace de magie, où le réalisme est maître mot dans un très large monde ouvert.

Une union gay qui ne passe pas pour les "anti-wokes"

Parmi les nombreuses histoires que l'on peut entreprendre, il y a cette romance discrète et bien amenée entre Hans et Henry. Celle-ci n'apparaît qu'après quelques quêtes proposées ici et là, et utilisant l'éloquence de votre héros. Complètement secondaire, cette série de dialogues et de missions peut se terminer par une scène touchante où l'amour prend le pas sur l'amitié.

Il n'en fallait pas plus pour qu'une certaine frange des joueurs ne critique vertement Kingdom Come Deliverance 2, l'ajoutant dans une liste de jeux "wokes". Autrement dit, des jeux possédant des missions ou un contexte inclusif et progressiste.

Sur les réseaux sociaux, la bataille fait rage. Le camp des anti-wokes, souvent liés à l'extrême droite, a appelé à boycotter le titre, tandis que les fans ont au contraire soutenu cette approche. Sur les plateformes comme Tiktok, les "edits", ces vidéos montées avec des extraits du jeu, pullulent et engrangent les milliers de vues.

Quelques jours avant la sortie du jeu, une frange des joueurs a également fait tourner une fausse information au sujet d'une sortie annulée en Arabie saoudite pour montrer les biais jugés "abusifs" des développeurs:

"Il est temps de répondre aux allégations farfelues répandues par certaines personnes qui ne se sont apparemment basées que sur une capture d'écran et une publication mal traduite (...) nous ne sommes pas et n'avons jamais été bannis de n'importe quel pays," ironise Daniel Vavre, co-fondateur de Warhorse.

Du côté de Warhorse Studios justement, on se défend face à des accusations jugées infondées: "Il semblerait que certains essayent toujours de nous catégoriser, alons que nous essayons simplement de faire un jeu cool," lâche Ondrej Bittner, le senior game designer de Kingdom Come Deleverance 2 à PC Gamer.

"Il y avait déjà des personnages gays dans Kingdom Come Deliverance 1, c'est un RPG où vous êtes responsable de vos décisions. Si vous ne voulez pas qu'Henry ait une romance avec un homme, vous êtes libre de ne pas en avoir une (...) toutes les relations sont purement optionnelles," ajoute Daniel Vavra.

Le propriétaire du studio, Embracer, célèbre de son côté le succès du jeu, qui va atteindre les 2 millions d'exemplaires vendus aussi bien sur PC que sur Xbox Series et Playstation 5.

Le journaliste spécialisé américain Destin Legarie y voit une polémique "stupide": "C'est le drama le plus stupide que j'ai pu voir de ma vie."

Citant notamment le personnage de Sheppard, héros de la saga Mass Effect, qui n'était pas écrit à l'origine pour avoir des relations avec une personne du même sexe: "Vous n'avez pas à le faire, et les joueurs du premier jeu ont demandé de pouvoir avoir ce choix de romance."

Sylvain Trinel