Vomissements, évanouissements... Des dizaines de modérateurs de Facebook victimes de stress post-traumatique

Travailler pour Meta (Facebook, Instagram, Whatsapp) peut parfois avoir de lourdes répercussions sur sa santé. Comme le rapporte le Guardian, plus de 140 modérateurs de contenu Facebook ont été diagnostiqués avec un syndrome de stress post-traumatique sévère.
En cause, l'exposition quotidienne- entre 8 à 10 heures par jour - dans le cadre de leur travail à du contenu dangereux sur le réseau social. Le diagnostic a été posé dans le cadre d'une plainte déposée en mars 2023. Les employés avaient alors porté plainte contre la société Sama, sous-traitante de Meta chargée de retirer de Facebook les publications violentes et haineuses entre 2019 et 2023, et contre Meta, pour dénoncer leurs conditions de travail et des licenciements abusifs.
Des preuves "indiscutables"
Les modérateurs auraient ainsi été confrontés à des images "de meurtres horribles, d'automutilation, de suicides, de tentatives de suicide, de cas de violences sexuelles, du contenu sexuel explicite, de la maltraitance physique et sexuelle d’enfants", pour ne citer que quelques exemples.
Les images, souvent très violentes, ont ainsi provoqué des évanouissements, des vomissements, des cris et le départ de certains modérateurs. Certains ont ainsi expliqué avoir divorcé à cause de ce travail ou avoir perdu le contact avec leur famille. D'autres, dont le travail consistait à supprimer les vidéos mises en ligne par des groupes terroristes et rebelles, craignaient d'être surveillés et tués.
Et leur cadre de travail n'a pas aidé à leur épanouissement. Les modérateurs kényans, payés huit fois moins que leurs homologues américains, étaient chargés de vérifier les images violentes dans un espace froid semblable à un entrepôt. Leur travail était étroitement surveillé.
"Les preuves sont indiscutables: modérer Facebook est un travail dangereux qui inflige un syndrome de stress post-traumatique à vie", souligne auprès du Guardian Martha Dark, fondatrice de Foxglove, une organisation à but non lucratif qui suit le procès.
"Dans n’importe quel autre secteur, si nous découvrions que 100% des travailleurs étaient diagnostiqués avec une maladie causée par leur travail, les personnes responsables seraient obligées de démissionner et de faire face aux conséquences juridiques des violations massives des droits des personnes", ajoute-t-elle.
De leur côté, Meta et la société Sama ont refusé de commenter ces allégations en raison du procès en cours. 183 modérateurs de contenus pour Facebook ont ainsi affirmé avoir été indûment licenciés par Sama, qui a depuis annoncé cesser son activité dans la modération de contenus. Ils dénoncent également des conditions de travail "inhumaines" et demandent des compensations pour leurs salaires "insuffisants (pour) le risque auquel ils étaient exposés" et les "dommages causés à leur santé mentale".