"Peut-être que je manquais d'énergie masculine": finalement, Mark Zuckerberg licencie aussi les bons employés de Meta

L’annonce avait fait grand bruit. En janvier dernier, Meta (Facebook, Instagram, WhatsApp) avait annoncé dans une note interne aux employés qu’il allait licencier 5% de ses employés les "moins performants" afin de "relever la barre en matière de gestion des performances”.
"J’ai décidé de placer la barre plus haut en matière de gestion des performances et d’éliminer plus rapidement les personnes peu performantes", a déclaré Mark Zuckerberg, le PDG, qui employait en septembre près de 72.400 employés.
"Peut-être que je 'manquais d'énergie masculine'?"
Depuis ce lundi 10 février, 3.600 travailleurs ont été remerciés. Mais coup de théâtre. Les licenciements de Meta ne concernent pas seulement les employés les moins efficaces. Comme le rapporte Fortune, des employés ont été licenciés après avoir reçu des évaluations positives de leurs performances. Selon une note interne du groupe à destination des managers, ces derniers auraient ainsi été autorisés à modifier les évaluations de certains employés afin de les licencier et remplir leurs quotas.
Une employée de Meta a ainsi expliqué sur Linkedin qu'elle avait été licenciée après avoir reçu la mention "dépasse les attentes" lors de son évaluation de mi-année. "Je demandais souvent des retours, on m’a toujours dit que je faisais un bon travail", se remémore Kaila Curry, une ancienne gestionnaire des contenus Chez Meta.
"Je n'ai jamais fait l'objet d'un PIP [plan d’amélioration des performances, NDLR], je n'ai jamais reçu de demande pour corriger mon travail, je n'ai jamais bénéficié d'un mentorat adéquat et on ne m'a jamais expliqué clairement ce que l'on attendait de moi. Je me suis contentée de travailler… Je ne suis pas peu performante", raconte-t-elle.
"J'ai pris la parole parce que je ne voulais pas contribuer à une plateforme susceptible d'augmenter le taux de suicide chez les jeunes LGBTQ+. Peut-être que je ‘manquais d'énergie masculine’ (pour citer Mark Zuckerberg lui-même). Qui sait?", poursuit-elle.
Un autre ancien employé de chez Meta a été licencié malgré son excellent travail. "Soyons clairs: cette excuse de 'mauvaises performances' est trompeuse, et pour beaucoup d'entre nous, c'est carrément une erreur", peste Steve, ancien concepteur de produit chez Instagram.
Embaucher dans l’IA
Business Insider s’est entretenu avec plusieurs anciens employés de Meta licenciés malgré leur note "conforme ou supérieure aux attentes" lors de leur évaluation 2024. "La direction nous a dit que si nous étions touchés par cette mesure, nous nous y attendions déjà, d'après les conversations que nos responsables auraient dû avoir avec nous", lance un ancien employé. "Mais j'ai été complètement pris au dépourvu. Mon supérieur m'a dit que je travaillais très bien. Il m'a même dit que tout irait bien et qu'il n'y aurait pas de répercussions."
D’autres sont inquiets d’être étiquetés comme mauvais employés, et de ne pas retrouver un travail. "Le plus difficile, c'est que Meta déclare publiquement qu'elle élimine les employés les moins performants, on a donc l'impression d’avoir cette marque au fer rouge sur le dos", déclare un ancien salarié. "Les gens doivent savoir que nous ne sommes pas sous-performants."
Meta avait déjà remercié plusieurs milliers d’employés en 2023, décrétée "année de l’efficacité" au sortir de la pandémie. Cependant, cette dernière vague de licenciements ne devait concerner que les employés les moins performants pour "conserver les meilleurs talents” et "faire venir de nouvelles personnes."
Entre-temps, Meta a accéléré le recrutement d'ingénieurs en apprentissage automatique, selon Reuters. L'entreprise continue de développer des outils d'intelligence artificielle.