Espionnage: la France prend des mesures pour surveiller Huawei

Poour contrôler Huawei, les autorités françaises imposent aux opérateurs télécoms une autorisation dans le choix des équipementiers. - AFP
En France, le dispositif anti-Huawei n'a pas traîné. Après une réunion organisée à Bercy avec les opérateurs télécoms, les régulateurs et l'Anssi, le projet d'un amendement de contrôle des équipementiers des télécoms est devenu réalité, comme le dévoile Reuters.
Un amendement a été déposé ce vendredi au projet de loi Pacte afin d'instaurer ce nouveau régime d'autorisation préalable qui formalise et étend des contrôles informels déjà existants. Il s'agit de renforcer le contrôle des infrastructures pour préparer le déploiement de la 5G.
Désormais, les opérateurs devront demander une autorisation avant de recourir à certains matériels jugés sensibles. Cette autorisation devrait être du ressort de l'Anssi (Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information).
Le texte ne cible pas de fournisseurs en particulier, mais de toute évidence, il répond aux interrogations sur la probité de Huawei, suspecté par les Etats-Unis d'espionnage pour le compte de Pékin. Le groupe chinois nie formellement ces allégations et aucune preuve n'a jusque là été apportée par le gouvernement américain. Paris a donc choisi la prudence en laissant le bénéfice de la présomption d'innocence à Huawei.
La France est "consciente des risques" liés à Huawei
Mercredi 23 janvier, lors d'une audition devant la commission des Affaires étrangères et de la Défense du Sénat, le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a déclaré mercredi devant le Sénat que le gouvernement français était "conscient des risques" liés à Huawei et qu'il "prendra(it) les dispositions nécessaires quand il le faudra(it)". Il n'a pas précisé ces mesures.
Jeudi 24 janvier, Jean-Yves Le Drian a rencontré Wang Yi, conseiller des affaires d'Etat et ministre chinois des affaires étrangères afin d'aborder les échanges commerciaux avec la Chine et la mise en oeuvre de l'accord de Paris sur le climat. Le sujet "Huawei" n'a officiellement pas été évoqué. Mais dans un communiqué, le Quai d'Orsay a rappelé que "la France accorde une importance particulière à ses relations avec la Chine".
Reste que la puissance technologique de Huawei inquiète l'Occident et ses alliés. Le groupe a une avance technologique sur deux seuls concurrents, Nokia et Ericssson, tous deux européens. Cette crainte est amplifiée par le rôle que devrait prendre la 5G dans l'avenir. En quelques années, Huawei est devenu le leader mondial des infrastructures télécoms avec des équipements efficaces et moins chers que ceux de ses concurrents.
Il y a un an, Huawei annonçait le lancement de la commercialisation de son réseau et dévoilait avoir entamé des tests précommerciaux avec plus de 30 opérateurs de réseaux.
