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Cybersécurité

Qu'est-ce que RRN, cette campagne de désinformation russe visant les médias français?

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La France a accusé la Russie ce mardi de mener une opération de désinformation envers l'Occident et en particulier les médias français. Cette campagne d'ingérence numérique nommée RRN, est associée à un site pro-russe souvent à l'origine de fausses informations.

Des sites qui ressemblent en tout point au Parisien, au Figaro, au Monde ou encore à 20 minutes à un détail près: les articles publiés sur ces sites n'ont pas été écrits par des journalistes français mais par des individus pro-russes.

Et les articles ne sont pas vraiment diversifiés. Tous évoquent le même thème: la guerre en Ukraine, avec quatre grands thèmes principaux comme la prétendue russophobie de l'Occident ou la barbarie supposée des forces armées ukrainiennes. Au total, 355 noms de domaines usurpant l'identité de médias ont été détectés par VIGINUM, le service de vigilance et de protection contre les ingérences numériques.

"Informations récentes et fiables"

Le service gouvernemental évoque surtout un nom pour regrouper cette campagne de désinformation à grande échelle: RNN, nom choisi d'après "Reliable Recent News" (pour "informations récentes et fiables"). Ce nom est affilié à un site pro-russe, RRN.world, qui diffuse aujourd'hui des informations en continu via des bureaux en Allemagne, en Italie, en Espagne et en Serbie. Selon leur page d'information, le site aurait publié plus de 3000 articles depuis mars 2022 et dans sept langues différentes, dont le français.

L'opération dévoilée par le gouvernement est plus précisément "la seconde phase d'une campagne déjà connue, mais avec des modes d'action plus sophistiqués destinés à contourner les contre-mesures et être moins visibles", explique à l'AFP une source sécuritaire impliquée dans le dossier.

Il s'agit de l'opération Doppelgänger (dans certains folklores européens, un Doppelgänger est le double maléfique d'une personne), déjà documentée en 2022 notamment par l'organisation européenne EU DisinfoLab et le géant américain Meta.

Opération "d'influence secrète"

La maison mère de Facebook avait annoncé avoir démantelé sur sa plateforme une opération "d'influence secrète" provenant de Russie pour amplifier la visibilité de ces articles issus de sites pirates, pour laquelle ses promoteurs, deux sociétés de conseil en marketing et technologie de l'information, avaient dépensé 105.000 dollars. "Meta espérait que son rapport mettrait fin aux opérations, ce ne fut pas le cas", explique la source sécuritaire.

Après les réseaux sociaux, ce sont donc les médias qui sont désormais visés par des entités pro-russes. Au-delà de l'hexagone, d'autres grands médias européens ont aussi été visés par ses copies conformes de leur interface, comme le britannique The Guardian ou l'allemand Die Welt.

Julie Ragot avec AFP