Tech&Co
Apple

Patron depuis 5.091 jours, soit plus que Steve Jobs: quel bilan pour Tim Cook 14 ans après son arrivée à la tête d'Apple?

placeholder video
Quasiment 14 ans après avoir repris les rênes d'Apple, Tim Cook célèbre aujourd'hui son 5.091e jour à la tête de l'entreprise aux 3 milliards d'iPhone vendus. C'est plus que Steve Jobs.

5.091 jours, soit 13 années et neuf mois. Tim Cook n'a pas seulement annoncé d'excellents résultats financiers dans la nuit du 31 juillet au 1er août 2025, il en a aussi profité pour dépasser Steve Jobs en termes de durée à la tête d'Apple. Une belle prouesse pour celui qui n'a jamais cherché à avoir le charisme de son illustre prédécesseur - et ami - disparu en 2011.

En plus de dix ans au sommet de l'entreprise, cet ancien d'IBM a réussi à la hisser au plus haut avec des ventes toujours plus importantes. Même si l'iPhone est moins la vache à lait d'Apple, son règne aura vu dépasser le cap des trois milliards d'exemplaires vendus dans le monde. Il est aussi celui qui a propulsé la capitalisation boursière de la société.

Du visionnaire Steve Jobs au (trop) calme Tim Cook

Mais si on célèbre son leadership et la bonne santé financière de la marque qu'il représente, Tim Cook est aujourd'hui contesté par une partie des investisseurs. Un certain nombre d'entre eux lui reproche le manque de prise de risque.

Il faut dire qu'Apple n'est pas connu pour faire de l'innovation à outrance, mais plutôt d'arriver avec des produits qui viennent confirmer une tendance, voire la révolutionner. L'iPhone a été de ceux-là: il a transformé radicalement la vision et l'utilisation d'un smartphone. Les puces maisons sont aussi un bon exemple avec une volonté de concevoir de bout en bout tous les aspects d'un des appareils de la marque.

En 13 ans, Tim Cook aura toutefois lancé plusieurs nouveautés majeures dont l'Apple Watch. Son règne est définitivement celui de la santé, à l'image d'un homme se levant chaque matin à 4h30, prêt à réaliser un footing lui permettant d'arriver sur le campus futuriste de l'entreprise.

On lui reproche toutefois le lancement précipité et loin des réalités économiques du Vision Pro. Le casque de réalité mixte d'Apple se voyait déjà comme "le futur de l'ordinateur" avec une interface spatialisée. Plus d'un an après le lancement, le produit n'est aujourd'hui quasiment plus cité par ses géniteurs ou même par le grand public - en attendant une version moins onéreuse, sans doute.

Un dirigeant contesté par Trump

Là où l'on attendait Tim Cook, c'est dans l'intelligence artificielle. Mais là encore, celui qui aime avancer à pas feutré, sans doute pressé par des investisseurs voyant l'effet de mode se faire chez la concurrence, l'expérience réalisée avec Apple Intelligence est loin d'être satisfaisante. Le nouveau Siri est reporté aux calendes grecques, et les iPhone qui devaient vendre "l'IA par Apple" n'ont pas vraiment été privilégiés pour cette raison.

Mais Tim Cook a peut-être aussi compris que le consommateur n'avait pas vraiment dans le viseur des nouveautés liées à l'IA pour véritablement passer à la caisse. Le marché le prouve: l'IA ajoutée à des smartphones sans vraies nouveautés matérielles n'est pas synonyme d'éclats dans les ventes.

Pour autant, et malgré l'évidence, ses relations conflictuelles avec Donald Trump font de lui une personnalité contestée par la droite et l'extrême droite américaine.

Choisissant contre vents et marées d'accentuer ses politiques d'inclusivité, fidèle à ses idées, le dirigeant ouvertement homosexuel s'est mis dans une situation inconfortable, au point que de saugrenues rumeurs ont tablé, un temps, sur un départ prochain. Les mouvements à la tête d'Apple, qui a vu partir un historique, Jeff Williams, ancien directeur des opérations, ont ouvert une brèche.

Dans l'attente d'une vraie révolution matérielle

Pour autant, Tim Cook est encore loin de raccrocher. Son départ paraît néanmoins plausible d'ici à 2030, il aura alors 70 ans (ou presque, il est né en novembre). D'ici-là, un retrait anticipé paraît très incertain, alors même qu'Apple a besoin de stabilité face à un président américain qui en manque.

Mais la route semble longue, très longue, et à 64 ans, Tim Cook a certes fait ses preuves, mais il doit encore montrer qu'il peut, comme son ancien ami Steve Jobs, révolutionner l'industrie de la tech. Si le train de l'IA a été manqué, c'est peut-être du côté des produits qu'Apple pourrait de nouveau donner le "la". On s'attend à ce que l'entreprise propose un iPhone pliant dès la fin 2026.

Tim Cook arrivera-t-il à réitérer le changement complet de paradigme de l'iPhone en 2008? Rendez-vous dans un an et demi pour le savoir. Le dirigeant sera alors à la tête de l'entreprise depuis près de 5.500 jours. Juste assez pour envisager un ultime tour de piste.

Sylvain Trinel