Crépol: comment la gendarmerie utilise les smartphones des assaillants pour les identifier

C'est une attaque qui a coûté la vie à un jeune homme de 16 ans. Dans la nuit du 18 au 19 novembre, un bal où se trouvaient 350 personnes à Crépol (Drôme) a été le théâtre d'une violente agression, par une dizaine d'individus, dont certains étaient armés de couteaux.
Deux jours après le début de l'enquête, le procureur de Valence a publié un communiqué de presse évoquant l'évolution des recherches. Parmi les moyens techniques utilisés par la gendarmerie, figure l'exploitation des données téléphoniques.
"De très nombreuses analyses des connexions aux relais téléphoniques sont en cours, portant sur le recoupement de plusieurs dizaines de milliers d’activations" explique ainsi le Parquet.
"Très nombreuses connexions"
Le procureur fait référence au bornage des téléphones de l'ensemble des participants au bal, mais surtout des assaillants. Pour se connecter au réseau, chaque appareil est en effet en lien avec une antenne-relais gérée par un opérateur. Ce dernier a donc en sa possession la liste de l'ensemble des numéros de téléphone qui se sont connectés à une antenne en particulier, ainsi qu'aux numéros de série des appareils (numéro IMEI).
Pour obtenir ces données, les enquêteurs doivent donc s'adresser aux opérateurs en charge des antennes-relais couvrant le lieu du drame, afin d'obtenir les données d'identification de chaque mobile qui s'y est connecté au moment des faits.
Mais pour les enquêteurs, l'enjeu est d'isoler les assaillants des personnes présentes au bal. Pour cela, le travail consiste à retracer le parcours de l'ensemble des mobiles détectés, par le biais de l'historique des connexions aux antennes-relais sur le territoire, afin d'identifier d'éventuels groupes ayant borné au même endroit.
Une fois ce travail effectué, les enquêteurs peuvent alors se tourner vers les opérateurs téléphoniques, pour demander l'identification des possesseurs des appareils suspects, par le biais du nom associé à leur contrat.
Processus automatisé
Depuis quelques années, ce travail est en grande partie automatisé, grâce à la Plateforme nationale des interceptions judiciaires (PNIJ), un outil capable de générer les réquisitions judiciaires aux opérateurs selon les demandes enquêteurs. En inscrivant de simples coordonnées GPS, la gendarmerie peut ainsi obtenir la liste d'identifiants techniques des smartphones qui ont borné aux antennes-relais qui couvrent un emplacement.
"Vous pouvez rentrer une adresse, afin que la PNIJ vous dresse la liste des antennes-relais qui sont sur place, en se basant sur les données de l'Arcep, et en émettant automatiquement les réquisitions" explique Alexandre Archambault, avocat spécialisé en droit du numérique.
Avec une précision toutefois variable, en fonction du nombre d'antennes-relais présentes sur une zone. Un périmètre qui peut être de quelques mètres en zone urbaine, mais de l'ordre du kilomètre en zone rurale.
De telles opérations sont ensuite facturées par les opérateurs (quelques euros par numéro de téléphone identifié).
Pour mieux identifier les suspects, la gendarmerie explique par ailleurs utiliser toutes les images à sa disposition. Celles qui sont issues des diverses caméras de vidéosurveillance, mais également les vidéos enregistrées par des témoins de la scène.
"Certaines images commencent à circuler sur les réseaux sociaux. J'invite les auteurs à les transmettre à la gendarmerie. Ce sont des éléments qui peuvent nous aider dans le dossier", a ainsi invité Marie-Laure Pezant, porte-parole de la Gendarmerie nationale, sur BFMTV ce 20 novembre.
En passant par la Plateforme nationale des interceptions judiciaires, les enquêteurs peuvent obtenir les données techniques de téléphonie en quelques heures seulement. Un outil qui pourrait permettre d'identifier rapidement l'ensemble des assaillants de Crépol, avant de procéder à leurs interpellations. "On ne va pas tarder à venir les chercher", a ainsi assuré Marie-Laure Pezant, sur Franceinfo ce 21 novembre.