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Après le décès du streameur Jean Pormanove, la plateforme Kick, qui ne réglemente pas (ou peu) ses contenus, est sous le feu des critiques

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Kick est un géant du stream qui réunit 800.000 spectateurs en moyenne sur l'ensemble de ses chaînes. Mais la plateforme est au cœur d'une polémique après la mort du streamer Jean Pormanove.

Un site en pleine tempête. Kick, une plateforme de streaming similaire à Twitch, mais connue pour son contenu bien moins réglementé, est sous le feu des critiques après le décès lundi 18 août du streameur Jean Pormanove. Ce dernier a été la cible de multiples humiliations filmées en direct pour ses 193.000 abonnés. Si le lien entre sa mort et ces vidéos n'est pas encore avéré, une enquête a été ouverte et la ministre déléguée au Numérique a "contacté les responsables de Kick pour obtenir des explications".

Créée récemment, en décembre 2022, la plateforme a voulu s'imposer comme une alternative à Twitch. Elle d'ailleurs a tenté d'attirer les streamers avec une rémunération plus généreuse que sa rivale. Selon le site Streams Charts, entre le 12 et le 19 août, Kick comptait en moyenne près de 800.000 spectateurs en simultané sur l'ensemble de ses chaînes (contre deux millions sur Twitch).

Des contenus controversés

Kick est l'initiative de Stake, un géant australo-curacien du casino en ligne. La diffusion en direct de casino est d'ailleurs une des catégories les plus streamées sur la plateforme. xQc, un des grands noms du stream anglophone, diffusait notamment sur Kick des parties de casino. Il révélera par la suite avoir été payé par la plateforme près de 100 millions de dollars pour produire du contenu sur celle-ci.

Mais à l'instar de Twitch, on retrouve sur Kick principalement des contenus lié au jeu vidéo ou du "Just chatting", un type de stream où l'hôte discute avec sa communauté.

Mais peu regardante sur la modération, Kick a vu émerger un tout autre type de contenu. Comme le rapportait déjà Mediapart en décembre 2024, des créateurs de contenus français se sont lancés dans des directs où l'on pouvait voir des personnes victimes d'humiliations et de violences physiques et psychologiques. Le concept attirera une audience considérable.

La mort d'un streamer en direct

Jean Pormanove, âgé de 46 ans, était l'un des principaux créateurs de contenu français sur Kick, notamment connu pour réaliser des défis extrêmes sur la plateforme avec d'autres streameurs.

Son dernier stream l'aura poussé au-delà de ses limites. Il a été vu inanimé lors de son dernier live, aux côtés de "Naruto" et "Safine". Le premier a tenté de le réveiller, sans succès, à la suite de "dix jours et nuits de torture", selon le récit de certains internautes qui ont mentionné des violences physiques "extrêmes", une "privation de sommeil" et de "l'ingurgitation de produits toxiques". Il est mort dans son sommeil.

"Jean Pormanove a été humilié et maltraité pendant des mois en direct sur la plateforme Kick (…) J'ai saisi l'Arcom et effectué un signalement sur Pharos (plateforme de signalement de contenus publiés sur les réseaux sociaux pour divers motifs, ndlr)", s'est indignée la ministre déléguée au Numérique Clara Chappaz.

Contactée par Tech&Co, Kick affirme, par le biais d'un porte-parole, être "profondément attristée par la perte de Jean Pormanove". "Nous adressons nos condoléances à sa famille, ses amis et sa communauté.Nous examinons actuellement les circonstances de manière urgente et collaborons avec les parties prenantes concernées afin d'enquêter sur la situation."

"Les directives communautaires de Kick sont conçues pour protéger les créateurs, et nous restons déterminés à respecter ces normes sur l'ensemble de notre plateforme", assure-t-elle.

Également contactée par nos soins l'Arcom, n'a pas encore réagi à l'incident.

Théotim Raguet