Santé mentale: pris dans le piège de la course à l'attention, des créateurs épuisés, des utilisateurs stressés

Proposer plusieurs miniatures, être certain de publier au bon moment, en faire la publicité sur d'autres réseaux sociaux, puis repartir de plus belle, ce quotidien épuise les créateurs de contenu. Dans une étude commandée par Dailymotion, en partenariat avec e-Enfance, 91% des créateurs de contenu déclarent des signes d'épuisement professionnel.
En cause, la "course à l'algorithme", plus communément appelée "course à l'attention", qui demande du temps, et qui met surtout la pression sur le mental des créateurs. 30% estiment être victimes d'anxiété, 37% ont des troubles du sommeil, et 41% du stress lors de la publication d'une vidéo.
Des plateformes qui ne font pas assez pour les créateurs et utilisateurs
Les algorithmes, justement, sont pointés du doigt par 80% d'entre eux. Dans l'étude, on découvre que 62% se sentent dans l'obligation d'ajuster leur contenu au détriment de leurs envies. Le sensationnalisme est également en cause, et il s'avère nécessaire pour "percer" sur les réseaux et donc gagner en visibilité.

Pour autant, l'impact durable sur leur santé mentale semble moins prégnant qu'en 2024. A l'époque 58% estimaient en avoir subi un, ils sont 50% en 2025.
Sur la question du harcèlement en ligne, 69% des créateurs qui ont été victimes de ces agissements jugent que les plateformes n'agissent pas assez, les utilisateurs sont plus radicaux: seuls 4% d'entre eux sont satisfaits de leurs actions.
Dans la même étude, on constate en revanche un affaissement de la santé mentale des utilisateurs, notamment chez les 18-24 ans. 59% jugent leur santé mentale bonne, ils étaient 65% en 2024. De même, 1 utilisateur sur 2 constate ressentir "une émotion négative" après s'être connecté à un réseau social. Les raisons sont multiples. Ils se comparent aux autres et se sentent obligés de modifier leur apparence ou leurs habitudes afin de se coller aux tendances des influenceurs.
"La fragilité psychique des jeunes n'est plus une tendance, c'est une urgence que nous observons chaque jour au 3018 et dans les actions de prévention," soutient Samuel Comblez, directeur général adjoint de l'association e-Enfance.
En cette journée mondiale de la santé mentale, Dailymotion explique en outre avoir rejoint le programme "Point de contact", qui oeuvre pour construire un environnement numérique "plus responsable".
"Notre responsabilité collective n'a jamais été aussi claire (...) chez Dailymotion, notre parti pris est clair: la qualité des interactions plutôt que l'engagement à tout prix," précise Guillaume Clément, patron de Dailymotion.
L'étude pourrait également donner du grain à moudre aux partisans d'une interdiction des réseaux sociaux aux moins de 15 ans, prônée par le président de la République Emmanuel Macron. La commission parlementaire sur les effets psychologiques de Tiktok sur les mineurs va dans le même sens.
Le rapport parlementaire, rendu en septembre dernier, s'attaque tout particulièrement à la plateforme, qualifiée "d'un des pires réseaux sociaux à l'assaut de la jeunesse". Les députés accusent surtout l'application chinoise d'être consciente d'exposer les jeunes à des contenus dangereux, mais de ne rien faire pour remédier à ce problème.