Emeutes au Royaume-Uni: sur les réseaux sociaux, les femmes d'extrême droite ne se cachent plus

On pensait les mouvements identitaires et islamophobes, les violences des sympathisants d’extrême droite composés uniquement d’hommes à tendance misogyne. Le Royaume-Uni réalise depuis quelques jours que des femmes font aussi partie des émeutiers ou des activistes, parfois assidus.
Parmi les 400 premières interpellations qui ont suivi le meutre des trois fillettes et les jours d'émeutes raciales, on trouve plusieurs femmes, arrêtées autant pour avoir été prises en flagrant délit de violence, en jetant par exemple des poubelles enflammées sur la police, que pour incitation à la haine sur les réseaux sociaux. Ce sont les vidéos publiées sur ces mêmes réseaux qui ont montré la présence de plus en plus nombreuse de femmes parmi les manifestants anti-migrants.
Les femmes s'affirment sur les réseaux
Selon The Independent, citant un expert en genre et radicalisation, les femmes prennent un rôle de plus en plus visible dans les mouvements d’extrême droite avec le poids des réseaux sociaux. Dans un message sur X (ex-Twitter), Lucy Connolly, ex-nourrice et femme d’un conseiller conservateur du Northamptonshire, avait appelé à des incendies d’hôtel et des déportations de migrants avant de s’excuser et de revenir sur ses propos, prononcés sur la base "d’informations fausses et malveillantes". Elle a été arrêtée pour crime haineux et incitation à la violence.
Sammy Woodhouse, connue pour être une des victimes d’une affaire d’exploitation sexuelle d’enfant en Angleterre, a ainsi filmé une vidéo pour un site d'extrême droite qui collecte des fonds pour Tommy Robinson, l’un des activistes d’extrême droite les plus connus.
Des influenceuses appellent à la haine
Mais on trouve également désormais des influenceuses qui prennent ouvertement la parole auprès de leur communauté pour appeler à manifester. Ce ne sont pas encore des comptes majeurs, mais suffisamment influents dans leur région pour mobiliser. Parmi celles-ci, Laura Towler, activiste affichée qui n'hésite pas à évoquer ses positions dans des podcasts, dans des émissions et sur Internet. Évincée de X, elle sévit sur les autres réseaux comme Gab.
"Nous pouvons déjà constater l’implication des femmes dans les émeutes hors ligne, mais aussi via les contenus des réseaux sociaux et les flux en direct qui circulent depuis un certain temps sur ces émeutes", souligne auprès de The Independent Anne Craanen, responsable de la recherche et des politiques à l’Institute for Strategic Dialogue, précisant cependant que l’on voit toujours plus d’hommes impliqués dans ces violences. Mais les femmes commencent, elles aussi, à propager de fausses informations en ligne.
Elle estime que les réseaux sociaux ont mis en lumière l’activisme de certaines femmes sympathisantes d’extrême droite qui agissaient jusque-là de manière plus cachée. Une revendication de genre aussi alors que les mouvements extrémistes sont généralement plus masculinistes et misogynes.