Désinformation: deux influenceurs sur trois ne vérifient pas leurs informations avant de les partager

Une vidéo sur les 5 anecdotes à connaître sur la Tour Eiffel, Squeezie et Etoiles en visite au château de Versailles... Autant de contenus éducatifs dont raffolent les internautes. En effet, les réseaux sociaux, et donc, les influenceurs, sont devenus la première source d'informations des jeunes. Mais les contenus mis en ligne ne sont pas toujours fiables.
Les likes et les vues pour vérifier les informations
En effet, selon une étude de l’agence des Nations unies pour l’éducation et la culture (Unesco), qui a interrogé 500 créateurs de contenus dans 45 pays, près de deux tiers des créateurs de contenu interrogés (62%) ne vérifient pas systématiquement leurs sources avant de partager une information auprès de leur public. Pourtant, 68% d'entre eux assurent encourager leur communauté à avoir un esprit critique.
Pire encore, lorsqu'ils vérifient leurs informations, ils ne le font pas toujours de la bonne manière. Ainsi, le nombre de vues et de likes qu'a reçu un contenu est le critère le plus souvent cité par les influenceurs (42%) pour vérifier la véracité d’une information. Un chiffre qui peut pourtant être facilement manipulé, par exemple via l'utilisation de bots. La présence de preuves et de sources dans le document utilisé n'a en revanche été citée que par 17% des sondés.
D'autant que les informations mises en avant par les créateurs de contenus ne viennent pas toujours de sources fiables. Selon l'Unesco, 58% des sondés vont chercher des informations dans leur propre expérience. Et 21% d'entre eux n’ont aucune réticence à partager un contenu s'il leur a été communiqué "par des amis en qui ils ont confiance". Enfin, les médias ne sont cités que dans un tiers de cas, voire à peine 12% pour les sources officielles du gouvernement ou des forces de l'ordre.
Risques de désinformation
Une absence de rigueur qui renforce les risques de désinformation et nuit à la qualité des contenus partagés en ligne, notamment en temps de crise.
"Les créateurs de contenu numérique ont acquis une place majeure, mais beaucoup peinent à affronter la désinformation et les discours de haine en ligne", souligne Audrey Azoulay, Directrice générale de l’Unesco.
"Si nous publions quelque chose d'erroné, nous en informerions notre communauté et signalerions l'article. Nous leur dirons que cette histoire est fausse. Nous ne la retirons pas parce que nous voulions qu'elle serve d'exemple", se défend Ushe Chamboko, influenceur financier en Afrique du Sud, interrogé par l'Unesco.
Pour changer la donne et renforcer la confiance du public dans les contenus partagés par les influenceurs, l'Unesco a lancé une formation à destination des vidéastes. En partenariat avec le Knight center for journalism, qui dépend de l’université du Texas, la formation est disponible en plusieurs langues, dont le Français. Les thématiques comme la vérification des informations, les sources, la liberté d'expression et ses limites sont abordées.
Au total, plus de 9.000 vidéastes ont participé à cette formation depuis son lancement en novembre dernier.