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"All eyes on Rafah": sur Instagram, un "véritable cliché" veut montrer "la réalité"

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Une nouvelle photo, en réponse à l'illustration réalisée par l'IA sur la situation à Rafah largement relayée sur Instagram, est repartagée par des milliers d'internautes. Elle aurait été prise à Deir Al-Balah en décembre.

"Nous avons tous partagé une image créée par l'IA. Maintenant, partageons la vraie image." Depuis quelques heures, l'image partagée par @profakmahmudabad fait le tour des réseaux sociaux. Plus d'1,5 million de personnes sur Instagram ont ainsi publié en story une image associée au slogan "All eyes on Rafah" (Tous les regards tournés vers Rafah").

On y voit ce qui semble être une morgue. Une trentaine de draps blancs, qui recouvrent sûrement des corps, sont entassés sur le sol. Le slogan "All eyes on Rafah" a été rajouté sur l'image, accompagné du petit texte invitant les utilisateurs à "partager la vraie image".

La nouvelle photo "All eyes on Rafah", largement relayée sur Instagram.
La nouvelle photo "All eyes on Rafah", largement relayée sur Instagram. © capture d'écran

Répondre aux images à base d'IA relayées en masse

Le cliché renvoie à la situation à Rafah, au sud de la bande de Gaza, où des bombardements israéliens ont fait 45 morts ce 26 mai, provoquant une vive indignation internationale. Mais il fait surtout écho à l'illustration réalisée par intelligence artificielle (IA) "All eyes on Rafah", repartagée par plus de 47 millions de personnes ces derniers jours.

L'illustration baptisée "All eyes on Rafah", largement relayée sur Instagram
L'illustration baptisée "All eyes on Rafah", largement relayée sur Instagram © Instagram

En effet, si le visuel réalisé par IA permet de mettre en lumière la situation en Palestine, il est également critiqué par de nombreux utilisateurs. Ces derniers regrettent que ce genre d'image "déréalise" la situation et "camoufle la réalité". De nombreux internautes pointent également la dissonance entre la viralité du visuel, et l'horreur du conflit.

"Ces images réalisées via l'IA ne partagent aucune nouvelle information, aucun contexte sur la situation, aucun appel à agiret effacent activement les années de travail que de vrais humains ont réalisées", souligne une internaute, dans une publication Instagram largement relayée.

C'est donc pour montrer la réalité du conflit que cette nouvelle image "All eyes on Rafah" a été relayée sur Instagram. En effet sur le réseau social, une fonctionnalité baptisée "Ajout perso", permet de partager une image au format story, tout en permettant à l'auteur initial de savoir quels internautes l'ont relayée.

Un professeur d'histoire indien

Et cet auteur initial, c'est le compte @profakmahmudabad détenu par Ali Khan Mahmudabad, un historien indien et professeur d'histoire et de sciences politiques à l'Université d'Ashoka, en Inde.

L'origine de la photo n'a pas été précisée par Ali Khan Mahmudabad. En revanche, une image du 25 décembre dernier, du photographe Mahmud Hams (AFP), semble avoir été prise au même endroit, quelques heures après le célèbre cliché.

Une vue aérienne montre ainsi des "Palestiniens pleurant leurs proches, tués lors d'une frappe israélienne sur le camp de réfugiés d'Al-Maghazi, lors de funérailles collectives à l'hôpital Al-Aqsa à Deir Al-Balah, dans le centre de la bande de Gaza", précise l'AFP. Selon ces informations, le cliché repartagé sur Instagram n'aurait donc pas été pris à Rafah.

La photo de l'AFP, prise quelques heures après le célèbre cliché "All eyes on Rafah"
La photo de l'AFP, prise quelques heures après le célèbre cliché "All eyes on Rafah" © MAHMUD HAMS / AFP

Deux photos similaires

Quelques indices permettent de rapprocher les clichés. Les deux photos ont été prises au même endroit. On retrouve ainsi la même planche en carton qui protège un commerce, le même sol et les mêmes végétaux en haut à droite. Les draps blancs entreposés sur le sol sont disposés de façon similaire sur les deux clichés. Les taches de sang sur les bâches sont également les mêmes.

Malgré ces similitudes, certains détails semblent indiquer que les deux images ont été prises avec quelques heures de différence. Les personnes présentent dans la foule ne sont pas exactement les mêmes. L'image de l'AFP montre ainsi deux hommes au milieu des corps. De plus, les taches d'eau sur le carton sont différentes. Les flaques, plus nombreuses sur le cliché de l'AFP, pourraient donc signifier que l'image a été prise quelques heures après.

Sur les réseaux sociaux, les internautes sont de plus en plus nombreux à repartager des informations, des cagnottes et des publications en soutien au peuple palestinien. Les stars, elles aussi, commencent à s'engager, poussée par le mouvement "Blockout2024", qui invite les utilisateurs à boycotter les personnalités qui choisissent de ne pas s'exprimer sur la situation.

Salomé Ferraris