Orion contre Google Glass: pourquoi Meta va peut-être réussir là où Google a échoué

Le projet Orion n'est peut-être pas une folle révolution, mais il a au moins le mérite d'avoir fait beaucoup parler. Ces lunettes de réalité augmentée dévoilée mercredi 25 septembre par Mark Zuckerberg, le patron de Meta, ont fait sensation.
Il faut dire que les Orion symbolisent à elles seules les dépenses de l'entreprise dans sa division Reality Labs - qui comprend notamment le Quest et le métavers. Pour Meta, les dizaines de milliards déboursés pour trouver "the next big thing" en valent la peine, persuadée qu'elle dispose d'un objet qui pourrait convaincre le grand public.
Google trop en avance sur son temps?
Google aussi avait espéré la même chose: en 2012, le groupe lance les Google Glass, des lunettes semblables aux Orion de Meta, mais avec la technologie de l'époque. Elle doit surtout faire face à un cruel manque d'applications et à un soutien quasi-nul de la part des développeurs tiers. Par ailleurs, son prix est très élevé: le prototype est vendu 1.500 dollars.
Enfin, c'est le design même qui est critiqué: en fait, ce ne sont pas vraiment des lunettes. Il s'agit d'un dispositif encerclant le crâne avec un tout petit écran en haut à droite du visage qui affiche par exemple un trajet sur Google Maps. Les branches, tactiles, servent à naviguer dans cette petite interface.

Mais dès l'annonce des Google Glass, les défenseurs de la vie privée s'insurgent. Ils y voient un moyen d'espionner les personnes qui n'ont pas choisi de l'être, et l'image de Google, déjà compliquée, continue de se dégrader. L'entreprise préfère néanmoins orienter sa stratégie vers le monde médical, avant de finalement cesser toute commercialisation en 2023.
Là où Meta a peut-être un coup d'avance, c'est que sa présence dans le secteur des réseaux sociaux, avec Facebook, Instagram ou encore Whatsapp, lui assure déjà une visibilité énorme, mais également un soutien massif de développeurs.
Surtout, le niveau technologique n'est pas le même en 2024 qu'en 2012. Quand les Google Glass ne pouvaient pas faire guère mieux que ce qu'a finalement proposé Google, Orion montre que tout a changé, et que la miniaturisation à outrance a permis une innovation technique remarquable. Après tout, ces lunettes ressemblent davantage à de vraies lunettes que les Spectacles de Snap, même si une bonne partie des capacités des Orion se retrouvent dans un petit boîtier à mettre dans sa poche.
Par ailleurs, avec les années, Mark Zuckerberg et son groupe peuvent se targuer de bénéficier d'une image renouvelée et plus positive depuis le scandale autour de Cambridge Analytica. Si la question de la vie privée est toujours sur la table, le rapport avec ce principe s'est clairement transformé avec l'avènement des réseaux sociaux mais aussi avec la multiplication des caméras dans les voitures ou dans les sonnettes connectées, par exemple.
D'autant que Meta propose depuis plusieurs années des lunettes Ray-Ban Stories capables de filmer sans que cela ne provoque de tollé.
Si les Orion ne sont pas prêtes de sortir - en raison du coût de fabrication, et donc de vente - Meta veut continuer sur cette approche. L'entreprise a le temps, et elle veut l'utiliser pour tenter de réduire la facture finale auprès du consommateur. Le Vision Pro d'Apple, jugé très onéreux, n'a ainsi pas encore su s'imposer comme "le futur de l'ordinateur". Charge à Meta de ne pas réitérer les erreurs du passé.