Les lunettes de réalité augmentée de Meta sont-elles le futur du smartphone?

Quasiment dix ans après la fin de la production des Google Glass, et alors que les lunettes de réalité augmentée de Snap, les Spectacles, ne sont toujours pas disponibles auprès du grand public, Meta a dévoilé ses propres lunettes de réalité augmentée baptisées Orion.
Si l'entreprise continue dans la réalité virtuelle, avec un Meta Quest 3S flambant neuf, l'arrivée de lunettes en réalité augmentée vient surtout rebattre les cartes d'un marché encore largement embryonnaire. Pourtant, il pourrait bien exploser dans les prochaines années - les rumeurs prêtent à Apple des intentions similaires.
Un produit "sur mesure"
Ce n'est pas la première fois que Meta se lance dans cette bataille. Elle propose depuis quelques années des lunettes en partenariat avec Ray-ban. Il s'agit toutefois d'une expérience très simple, qui consiste à pouvoir utiliser l'audio, par exemple pour discuter avec ses amis, ainsi que la photo. Mais pas d'écrans pour afficher des informations.
Les Orion cherchent à être plus complètes, avec la présence d'un boîtier complémentaire et sans fil qui permet de gérer les fonctionnalités de réalité augmentée, sans alourdir ce que l'on a sur le nez. En clair, les prémices de ce qu'on peut espérer pour le futur des casques actuels.
Les images présentées par Meta sont d'ailleurs assez bluffantes, compte tenu de la taille réduite de la paire de lunettes. Mais entre les démonstrations et la pratique, il y a parfois un monde.
The Verge a pu s'approcher et utiliser les Orion, qui ne sont pour l'instant qu'à l'état de prototype, et note un produit fait "sur mesure" pour Meta avec des projecteurs Micro LED à l'intérieur du cadre projetant devant nos yeux les éléments de navigation.
Un peu à la manière d'un hologramme, mais visible uniquement par le porteur, il est question de pouvoir interagir avec un environnement virtuel, et ce, dans le monde réel. Les Orion sont néanmoins compatibles avec d'autres appareils. Durant son essai, le journaliste de The Verge explique avoir pu passer un appel via Messenger avec un de ses collègues qui était sur un iPhone. Si celui-ci ne pouvait pas encore le voir - Meta veut faire apparaître un avatar reprenant les gestes - le porteur des Orion pouvait de son côté voir apparaître une fenêtre comprenant le capteur de l'iPhone et d'autres options de discussions.
Mais comme l'explique le média américain, l'essai s'est fait dans un environnement très contrôlé: "Il y avait des ordinateurs sur le côté de la pièce qui pouvaient déclencher certaines expériences pour moi." La plupart du temps, le journaliste était guidé par l'équipe de Meta. Il a néanmoins pu constater que son expérience n'était pas simplement une simulation.
Orion n'est qu'un prototype
"Orion n'est pas un mirage, mais ce n'est pas non plus un produit," précise-t-il.
En l'état, Orion n'est donc pas prêt de sortir. Mais à l'instar du Vision Pro, qui a saisi son audience avec une idée bien précise de ce que serait l'ordinateur du futur - même s'il n'a pas totalement convaincu à sa sortie, Meta veut montrer qu'elle sait faire et sait innover.
Le fait de déporter la partie dédiée aux calculs vers un appareil à mettre dans la poche - pas plus grand qu'une batterie externe - permet aussi de rendre les Orion vraiment "portables". Avec 98 grammes au compteur, elles sont certes plus lourdes qu'une paire de lunettes classiques, mais elles sont néanmoins bien plus légères que les casques de VR.
A cela s'ajoute un bracelet "neuronal" qui permet d'interpréter les gestes de la main en fonction des signaux neuronaux. Les gestes des doigts, comme le pincement qui permet de sélectionner des fenêtres, sont pris en charge, et un retour haptique vous donne un effet de validation de votre action.
Mais The Verge note que Meta a beau avoir en son sein un produit en apparence bluffant, cela n'en fait pas une entreprise prête à vendre des produits prévus pour le marché de masse. En l'occurrence, les Orion coûte environ 10.000 dollars à fabriquer, si bien qu'en attendant de pouvoir améliorer encore davantage l'expérience et de réduire les coûts de fabrication, Meta ne prévoit d'en produire qu'une petite quantité.
Mais Meta est malin: même si les Orion ne sortent pas en l'état, l'entreprise arrive enfin à justifier les milliards investis dans sa division Reality Labs, notamment auprès de ses investisseurs: "Les investissements que nous faisons sont pour une technologie réelle et tangible", précise d'ailleurs un cadre à The Verge.
Reste à savoir si cela donnera quelque chose de plus concret à l'avenir, car si la démo est impressionnante, l'expérience auprès d'un plus large public pourrait bien s'avérer désastreuse si elle ne tient ni ses promesses, ni un tarif abordable.