Slogan nazi et "chemise hawaïenne": ce que l'on sait de la soirée intitulée "Les étrangers dehors" d'un bar à Rouen

Une soirée qui provoque l'indignation. À Rouen (Seine-Maritime), le bar Le Mora a annoncé sur les réseaux sociaux un événement intitulé "Les étrangers dehors", organisé le 28 juin. Pointé du doigt par le maire Nicolas Mayer-Rossignol, le lieu associatif a déclaré maintenir la soirée.
• Une soirée sous le signe d'un slogan nazi
L'établissement, situé à Rouen, a publié sur Instagram, le 15 juin dernier, une affiche faisant la promotion de la soirée. Un ananas et un cocktail tropical au premier plan, un coucher de soleil et une plage au second.
"Ausländer Raus", un célèbre slogan nazi, est décliné en tons roses et bleus, les lettres prenant la forme de néons. Les organisateurs précise que l'événement n'est accessible qu'aux adhérents, le bar étant un lieu associatif.
Ce slogan, qui signifie "Les étrangers dehors" en français, est devenu viral après avoir été détourné par de jeunes Allemands sur l'air techno de "L’Amour toujours", du DJ Gigi d’Agostino. Des vidéos où l'on peut apercevoir des personnes réaliser des gestes nazis avait consterné outre-Rhin.
Ce détournement a été interdit dans les stades par l'UEFA au début de l'Euro. Malgré cette décision, la chanson continue d'être entonnée par des supporters, notamment hongrois et italiens.
Dans l'invitation est aussi indiqué que "la chemise hawaïenne (est) de rigueur". Une tenue vestimentaire qui peut faire référence aux "Boogaloo Bois", extrémistes américains qui prônent la guerre civile aux États-Unis, reconnaissables par leur chemises à fleurs.
• Un signalement du maire de Rouen
À la découverte de l'organisation de cette soirée, le maire de Rouen, Nicolas Mayer-Rossignol, a déclaré le 21 juin sur X qu'un tel événement "n'a rien à faire" dans la ville. Il a annoncé avoir saisi le procureur de la République de Rouen et le préfet de la Seine-Maritime.
L'édile a partagé le courrier qu'il a adressé au procureur de la République de Rouen et précise qu'organiser un tel événement peut "relever d'une qualification pénale", estimant que "ces propos sont en infraction avec l'article 1 de la Loi n°90-615 du 13 juillet 1990 tendant à réprimer tout acte raciste, antisémite ou xénophobe".
Auprès de BFMTV, le maire socialiste dénonce un événement "inacceptable" au sein de la ville. "Ce genre de soirée xénophobe n'a sa place ni à Rouen, ni en Normandie, ni en France, ni nulle part ailleurs en Europe et dans le monde", affirme-t-il, précisant que "la xénophobie n'a pas sa place dans notre République".
Interrogée par BFMTV, Kaltoum Gachi, avocate à Rouen et Paris, et co-présidente du MRAP (Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples) déclare prévoir aussi un signalement au procureur de la République de Rouen et déposera plainte en visant la qualification d'injure raciste et de provocation à la haine raciste.
• Des habitants évoquent un lieu de rassemblement pour l'extrême droite
Le bar est bien connu de certains habitants. “Je sais que c’est un endroit où se rassemblent des personnes d’extrême droite qui se dit associatif”, explique l’un d’eux au micro de BFMTV.
“Mais on sait très bien ce que ça cache derrière. Clairement, c’est un endroit où l’extrême droite se rassemble”, ajoute-t-il.
D’autres évoquent les conséquences des derniers scrutins, notamment le score du Rassemblement national lors des élections européennes. “Ça donne de l’amplitude et ça ‘autorise” des groupes d’extrême-droite à sortir et à se montrer un peu plus, en l’occurrence à faire ce genre de soirée”, confie un autre habitant. Dans la barre des commentaires du post Instagram annonçant la soirée, certains internautes ont dénoncé une "soirée de fachos" et une initiative "honteuse".
Selon Libération, le bar organise des soirées "White Boys summer", un slogan qui apparaît aussi sur l'affiche de l'événement "Ausländer Raus". Le "White Boys summer" fait référence à un mème de suprémacistes américains.
• Les gérants du bar justifient l'organisation de la soirée
Sur Instagram, les gérants du bar ont répondu au signalement du maire de Rouen. Ils ont estimé que si "le slogan (est) volontairement provocant", il est surtout devenu "un symbole pour une partie de plus en plus large de la jeunesse européenne qui rejette l'immigration de masse".
Ils ajoutent que le maire "immigrationniste (...) s'acharne à vouloir interdire une soirée de jeunes patriotes" et assurent vouloir maintenir la soirée à la date prévue. "Les idées patriotes sont de plus en plus plébiscitées par les jeunes européens, avance le communiqué. Il va falloir s'y habituer".