Rouen: avocats et magistrats alertent sur le manque de moyens pour la justice des mineurs

La justice des mineurs est en difficulté à Rouen (Seine-Maritime). Le représentant des avocats, le procureur et le président du tribunal judiciaire tirent la sonnette d'alarme. Lors d'une conférence de presse ce lundi 3 février, ils ont alerté sur le manque de moyens qui frappe la protection de l'enfance.
Avec le manque de juges et des dossiers de plus en plus importants, une situation difficile s'installe au tribunal judiciaire de Rouen. "Il est très fréquent que mes collègues du parquet reçoivent dix signalements par jour, ce sont des situations nombreuses, mais surtout délicates parce qu'elles doivent être gérées très souvent en urgence", témoigne Sébastien Gallois, procureur de la République de Rouen, au micro de BFM Normandie.
Il poursuit: "Elles nous placent tous collectivement dans des situations où on risque de mal interpréter une situation, un rapport et donc de passer à côté d'un danger qui malheureusement peut se réaliser".
Trop de dossiers et jusqu'à six mois pour les traiter
Cette situation inquiète aussi les avocats. Franck Langlois, bâtonnier du barreau de Rouen, dénonce un nombre trop important de dossiers à gérer. "Il y a en moyenne entre 550 et 600 dossiers aujourd'hui qui seront gérés par chaque cabinet du juge des enfants, alors qu'en moyenne on considère qu'un cabinet du juge d'enfant travaille correctement avec 350 dossiers", explique-t-il.
En plus du nombre de dossiers qui s'accumulent, le délai des jugements est aussi allongé. "Les juges des enfants ne parviennent pas à rendre leur jugement rédigé dans un délai normal. La loi impose huit jours, on a parfois jusqu'à six mois. Les juges des enfants sont contraints de ne plus faire d'audience dans certains dossiers", détaille Marie Savoye, avocate au Barreau de Rouen.
"Un sentiment d'abandon"
Ce n'est pas la première fois que le tribunal judiciaire de Rouen tire la sonnette d'alarme et alerte sa hiérarchie sur le manque de moyens.
"Il y a un certain sentiment d'abandon depuis des mois de m'entendre dire qu'il va arriver un sixième poste de juge des enfants, un sixième greffier, mais pour l'instant, on ne le voit pas venir", déclare Matthieu Duclos, président du tribunal judiciaire de Rouen.
Ces moyens supplémentaires pour le bon fonctionnement de la justice des mineurs sont espérés pour le 1er septembre 2025.