Naufrage du chalutier Breiz: le capitaine du canot de la SNSM relaxé, le propriétaire du bateau condamné

Un volontaire de la SNSM à Saint-Vaast-la-Hougue (Manche), le 11 mars 2023 - Lou BENOIST © 2019 AFP
Il était poursuivi pour "négligence" et "faux dans un document de bord" dans l'affaire du naufrage mortel d'un chalutier: le Breiz. Philippe Capdeville, patron du canot de la Société nationale de sauvetage en mer (SNSM) de Ouistreham, a été relaxé ce mardi 4 juin par le tribunal maritime du Havre, relate Me Gildas Rostain, son avocat, à BFM Normandie.
Le juge est allé à l'encontre des réquisitions du ministère public. Ce dernier avait demandé 12 mois de prison avec sursis et deux ans d'interdiction de naviguer. "C'est le jeu de la patate chaude, chacun fuit ses responsabilités", avait-il soutenu.
"C'est un soulagement pour les bénévoles de la SNSM", a réagi Me Gildas Rostain à l'issue de ce procès de quatre jours. "Toutes nos pensées vont aux victimes", a-t-il ajouté.
Trois autres prévenus ont, eux aussi, été déclarés non coupables. Seul le propriétaire du bateau a écopé d'une peine de 18 mois d'emprisonnement avec sursis.
Les corps des matelots retrouvés par des plongeurs
Le drame était survenu le 14 janvier 2021. Cette après-midi-là, trois jeunes marins venus de Saint-Vaast-la-Hougue (Manche) pêchent la coquille Saint-Jacques à bord de leur chalutier. Alors que le navire bâti en 1979 se trouve au large de Port-en-Bessin (Calvados), l'équipage lance un appel à l'aide en raison d'une avarie de barre.
Un bateau de la SNSM est déployé et entame une opération de remorquage en direction du port de Ouistreham. Mais, face à des vagues de plus d'un mètre, alourdi par une marée de pêche à la coquille, le Breiz chavire en pleine nuit, à quelques milles de Lion-sur-Mer.
Aucun des matelots ne survit. Les corps sont découverts le lendemain du drame par des plongeurs de la gendarmerie.
"Dévasté"
Dans un rapport, le Bureau d'enquête et d'analyses (BEA) de la mer écrit que "l'alourdissement du Breiz par des paquets de mer et le surpoids" de la pêche, ainsi qu'une "trop forte gîte" ont "très probablement provoqué" le chavirement du navire.
Le remorquage a pu "le faire gîter brutalement", peut-on également lire dans le document. Ou encore: "Ni l'armateur ni les procédures administratives" de contrôle "n'ont fait obstacle" à l'embarquement d'un équipage inexpérimenté sur ce "vieux" navire, qui avait connu des problèmes de stabilité, d'étanchéité et d'appareils à gouverner au cours des mois précédant le naufrage.
Avant le procès, Me Gildas Rostain avait assuré que son client était "dévasté". Et d'ajouter: "On lui reproche de la précipitation. Nous allons démontrer que l'obligation de soin raisonnable que l'on attend des sauveteurs en mer a été remplie".
Une réaction politique espérée
Dans un communiqué publié ce mardi 4 juin, la SNSM prend acte de la décision de justice et dit s'associer à la peine des familles des victimes.
À l'instar de Philippe Capdeville, "l’ensemble des sauveteurs est également profondément affecté par cette procédure judiciaire qui les fragilise pour l’avenir, dans l’accomplissement de leur mission bénévole au service de tous", écrit la SNSM
Estimant que "le modèle bénévole de la SNSM et l’engagement des sauveteurs seront fortement impactés par ce dramatique événement", en dépit de la relaxe, les Sauveteurs en mer appellent à une "réaction politique rapide, efficace et adaptée à (leur) statut" afin d'"assurer une protection juridique pour ses bénévoles".