BFM Normandie
Normandie

Incendie à Grand-Couronne: pourquoi les sirènes et alertes n'ont pas été déclenchées

placeholder video
Pierre-André Durant, préfet de Normandie et de Seine-Maritime, a expliqué les raisons pour lesquelles le dispositif FR-Alert n'a pas été déclenché pendant l'incendie de l'entreprise Bolloré Logistics, lundi soir.

Des flammes, des déflagrations, un important panache de fumée et des craintes ravivées. Lundi soir, un important incendie s’est déclaré dans un bâtiment de Bolloré Logistics à Grand-Couronne, près de Rouen.

Ce feu spectaculaire, qui n’a fait aucun blessé, a replongé les riverains et voisins du site dans l’enfer du 26 septembre 2019, la nuit de l’incendie de Lubrizol. Un feu qui a traumatisé le département et ses habitants. Ce lundi soir, ils se sont étonnés de ne pas avoir entendu les sirènes retentir dès le départ de feu à Grand-Courone.

Ce qui n'est pas sans rappeler l'incendie de Lubrizol. En septembre 2019, la préfecture avait tardé à déclencher les sirènes. Elles n’avaient retenti dans les rues de Rouen qu’à cinq heures du matin, soit près de deux heures après le début du sinistre. Les premiers éléments de communication avaient également été diffusés aux alentours de cinq heures du matin.

Mais ce lundi soir, les autorités ont très rapidement partagé, sur les réseaux sociaux et auprès de la presse, le suivi des événements.

"Aurait-on déclenché les sirènes? Non"

"Aurait-on déclenché les sirènes? Non." Dans un entretien accordé à BFM Normandie ce mardi, Pierre-André Durant, le préfet de Normandie et Seine-Maritime a justifié son choix de ne déclencher ni sirène, ni dispositif d'alerte.

"Tout cela est lié aux analyses qui ont été effectuées. C’est la caractérisation du risque qui commande derrière l’idée de manœuvre. Dès lors que nous savions que la population n’était pas exposée, il n’y avait pas lieu de déclencher des systèmes d’alerte", poursuit le préfet de Normandie et de Seine-Maritime.

Lundi soir, trois cellules d'un bâtiment industriel ont été en proie aux flammes. Ces dernières abritaient 12.000 batteries au lithium, 70.000 pneus et divers matériaux, textiles et palettes. L’ensemble de ces éléments a brûlé. Déployés sur place, les sapeurs-pompiers ont rapidement relevé des données pour s'assurer de la bonne qualité de l'air. Des mesures qui n'ont pas donné "d'indication particulière", précise le préfet. Et qui n'ont pas nécessité le déploiement d'alertes.

"La quasi-totalité des indicateurs était nulle ou non significative et ne justifiait par conséquent, ni évacuation, ni confinement, ni mise à l’abri, ni prise de mesures particulières, fermetures des écoles ou que sais-je", ajoute Pierre-André Durant.

Si les sirènes n’ont pas retenti, le dispositif FR-Alert, lancé après le Lubrizol et opérationnel depuis 2022, n’a pas non plus été déclenché. "Il n’y avait pas lieu de déclencher des systèmes d'alerte", rapporte le préfet.

Aucune mesure d'urgence à prendre

"L’alerte, c’est quand il faut que la population prenne en extrême urgence un certain nombre de mesures de protection (...) le gouvernement a déployé le système FR-Alert mais qui ne s’active que lorsqu’il y a des mesures d’urgence à prendre", détaille-t-il. "Ça n'était pas le cas."

Autre importance: le site où s’est déclaré l’incendie n'est pas classé Seveso, contrairement à l’usine Lubrizol. "On est à la fois pas sur le même type de site, ni le même type de produits qui ont brûlé hier soir. Le site qui a brûlé hier soir est soumis à autorisation, et non pas classé Seveso, contrairement à Lubrizol", précise Charlotte Goujon, vice-présidente de la Métropole Rouen Normandie.

Un site soumis à autorisation présente "de graves dangers ou inconvénients pour l’environnement", peut-on lire sur un document de la préfecture de la Seine-Maritime. Un site Seveso, lui, produit ou stocke des substances pouvant être dangereuses pour l’homme et l’environnement.

Des analyses plus rapides et complètes

Enfin, en Seine-Maritime, depuis l’incendie de Lubrizol, "les sapeurs-pompiers ont fait acquisition d’équipements qui leur permettent de faire des analyses beaucoup plus complètes, très tôt lors d’incendies de ce type", appuie la vice-présidente de la Métropole Rouen Normandie, interrogée sur le non-déclenchement des sirènes.

"La cellule risques chimiques du SDIS 76 était présente dès le début de l’incendie pour pouvoir faire des mesures à proximité immédiate de l’incendie et des habitations qui sont proches de l’établissement. Des mesures ont été faites sous le panache et sur les territoires qui n’étaient pas sous le panache de fumée pour pouvoir écarter tout danger pour la population", conclut-elle.

Charlotte Lesage