Eure: un appel à témoins pour identifier une cycliste renversée par un automobiliste et achevée à coups de pelle

La gendarmerie nationale a diffusé ce mercredi un appel à témoins pour identifier la victime d'un homicide commis au nord d'Évreux. Une cycliste a été percutée par un automobiliste puis achevée par le conducteur qui a ensuite dissimulé le corps.
Ces faits remontent à mars dernier, mais ils n'ont été portés à la connaissance des enquêteurs que deux mois plus tard, le 14 mai lorsqu'une femme se présente à la gendarmerie de Dieppe pour y dénoncer un meurtre, qu'elle impute à son ex-compagnon, un charpentier de 46 ans.
Des photos du pare-brise
Lors d'une conférence de presse ce mercredi, Rémi Coutin, le procureur de la République d'Evreux a retracé les faits, remontant au 9 mars. Ce jour-là, l'automobiliste appelle son ex-compagne pour lui confier qu'il vient d'avoir un accident sur une route de l'Eure. L'homme la rappelle finalement pour lui dire que la cycliste qu'il a renversée est en bonne santé.
"Toutefois le même jour, l'une de ses amie l'avait contactée pour lui dire qu'elle venait de passer au domicile de son ex-compagnon et qu'elle avait pris deux photos du pare-brise du véhicule Audi de celui-ci", détaille le procureur.
Sur ces photos, figurent un "gros impact circulaire avec une marque rouge au centre". La femme contacte alors les gendarmes de Bourgtheroulde et cherche à savoir si un accident impliquant une cycliste s'est produit dans le secteur, ce dont n'ont pas connaissance les gendarmes.
Achevée de "plusieurs coups de pelle"
Le 12 mars, elle se rend au domicile de son ex-compagnon et constate à son tour des "traces d'écoulement sur l'aile droite" de la voiture qui lui semblent être des traces de sang. Le lendemain, elle le questionne et il finit par lui expliquer avoir percuté, alors qu'il était ivre, une cycliste. Il la décrit comme une femme d'une soixantaine d'années, ressemblant "à une clocharde" selon ses termes.
Selon son récit, après avoir percuté la cycliste, l'homme a chargé le corps et le vélo dans sa voiture et décidé d'aller chercher une pelle pour l'enterrer. Revenu sur les lieux proches de l'accident, il constate qu'elle est toujours vivante et l'achève "en portant plusieurs coups de pelle", rapporte le procureur.
L'ouverture de l'enquête est justifiée selon le parquet par plusieurs éléments qui permettent de confirmer le récit de l'ex-compagne de l'automobiliste et notamment les photos de la voiture retrouvées dans son téléphone portable. Une autre femme a été entendue par les forces de l'ordre. Celle-ci, qui a indiqué avoir eu une brève liaison avec le mis en cause, a rapporté des confidences de l'automobiliste. Celui-ci lui a ainsi raconté qu'il "n'était pas bien dans sa tête car qu'il avait renversé une vieille dame alors qu'il était au volant de sa voiture, et qu'il l'avait achevée avant de l'enterrer".
Autre élément suspect mis à jour par les enquêteurs: la voiture du suspect retrouvée brûlée. Il signale pourtant le vol de son véhicule auprès de la gendarmerie.
Plusieurs versions du suspect
Le 24 mai, le parquet d'Evreux a ouvert une information judiciaire contre X des chefs de meurtre, blessure involontaire par conducteur, recel de cadavre et destruction de preuve. Placé en garde à vue le 21 juin, le suspect explique en fait avoir voulu faire "une blague" à son ex-compagne pour qu'elle le prenne en pitié et revienne vivre avec lui. Il explique également avoir volontairement abîmé sa voiture avec une masse et avoir répandu du ketchup et le sang d'une poule sur le véhicule.
Confronté aux photos, il change de version, reconnaissant avoir percuté une cycliste qui avait finalement pu repartir. Au cours de son audition, il finit par reconnaître avoir lui-même brûlé son véhicule et se mure dans le silence. A l'issue de sa garde à vue, l'homme de 46 ans est mis en examen pour assassinat, recel de cadavre, destruction de preuve et dénonciation mensongère à l'autorité judiciaire. Il a été placé en détention provisoire.
Interrogé à nouveau le 10 novembre dernier, il change encore de version et réitère avoir inventé cette histoire pour que son ex-compagne "prenne pitié de lui".
Pas de corps, pas de disparition signalée
A ce stade, l'information judiciaire est toujours en cours. Le principal problème des enquêteurs est de n'avoir trouvé aucun corps. "Des fouilles ont été entreprises mais sont restées infructueuses", indique Rémi Coutin. Par ailleurs, aucune disparition n'a été signalée dans le département de l'Eure ou dans les départements limitrophes. Europole a également été saisie, mais le signalement n'a rien donné.
L'appel à témoins des autorités a donc pour objectif de recueillir de potentiels nouveaux éléments pour identifier la victime de ce crime. Crime "dont nous sommes persuadés qu'il a eu lieu", a insisté le procureur.
Pourquoi la victime n'a pas été signalée disparue? Les gendarmes évoquent potentiellement une personne vivant seule, isolée de ses voisins ou encore en transit dans l'Eure en mars dernier. Autre hypothèse, celle d'une personne ayant une double résidence.
Toute personne ayant des informations permettant d'identifier la victime est invitée à contacter le groupe Homicides de la section de recherches de Rouen au 07.77.20.64.00 ou par mail à appeltemoins27@gendarmerie.interieur.gouv.fr