Marseille: deux hommes jugés pour l'assassinat de Rudy, 15 ans, sur fond de guerres de la drogue

Palais de justice (PHOTO D'ILLUSTRATION) - Thomas SAMSON
La cour d'assises des Bouches-du-Rhône juge à partir de lundi deux hommes accusés de l'exécution d'un adolescent de 15 ans sur fond d'oppositions sanglantes pour le contrôle de points de vente de drogue à Marseille, ce qu'ils contestent farouchement.
L'adolescent exécuté à genoux, les poignets liés
Le 18 novembre 2016, un joggeur découvre sur un chemin du massif de l'Etoile le corps de Rudy, sommairement incendié.
L'adolescent a été exécuté selon les méthodes les plus sauvages du narcobanditisme: à genoux, les poignets liés, il a reçu deux tirs d'une arme de chasse, l'un dans le thorax, l'autre lui emportant une partie de la boite crânienne.
Depuis près de deux années, Rudy avait décroché de ses études de carrosserie dans un lycée professionnel, recruté comme guetteur et "charbonneur" (revendeur de stupéfiants) au bâtiment C de la cité Jean Jaurès à Marseille.
Les deux accusés, Khadim Thiam, surnommé "Jimmy", et Samir Zerouali, alias "ZZ", âgés de 23 et 21 ans au moment des faits, sont les deux "grands" en compagnie desquels Rudy avait été aperçu pour la dernière fois, à l'heure de la fermeture du point de vente de stupéfiants, quelques heures avant la découverte de son corps.
L'accusation repose essentiellement sur le témoignage de Nourdine, copain de Rudy, 17 ans à l'époque des faits, "chouf" (guetteur) à la cité. A plusieurs reprises, ce témoin a déclaré: "Jimmy a dit direct à ZZ +c'est lui+, ZZ a pris Rudy par l'épaule et ils sont partis tous les trois direct".
Sur Facebook, Nourdine partage immédiatement son inquiétude avec un ami. La rumeur court le quartier que Rudy pourrait avoir trempé dans un règlement de comptes, commis quelques temps plus tôt le 21 octobre sur le parking d'une enseigne de restauration rapide, ce qui n'a pas été confirmé par l'enquête.
L'acquittement va être plaidé
L'assassinat de Rudy intervient donc sur fond d'une de ces guerres de territoire pour le trafic de stupéfiants à l'origine des règlements de comptes qui, en 2016 avaient fait 29 morts à Marseille, une des années les plus meurtrières.
Les enquêteurs estiment que les accusés auraient repris le plan de la cité Jean-Jaurès, profitant de l'incarcération du "patron du réseau".
Ils contestent être les auteurs de l'assassinat de Rudy et leurs avocats plaideront leur acquittement soulignant "l'absence de tout élément matériel de preuve".
Dans son ordonnance de mise en accusation, la juge d'instruction chargée de cette enquête indique qu'après avoir nié leur présence ce soir-là à la cité Jean-Jaurès, les accusés ont finalement admis y être allés.
Samir Zerouali avait reconnu s'y être rendu pour voler la sacoche des vendeurs. Khadim Thiam avait dit, lui, y être passé ce jour-là pour acheter sa consommation de cannabis.
À Marseille, plusieurs mineurs ont été victimes des guerres de la drogue. En 2010, un garçon de 16 ans avait été abattu dans une cité où il était employé comme guetteur. En octobre 2015, deux des trois victimes d'une fusillade dans un hall d'immeuble de la cité des Lauriers étaient âgées de 15 ans et en août c'est un adolescent de 14 ans qui a été abattu près du point de deal de la cité des Marronniers