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Des arbitres dénoncent la hausse des violences dans le football amateur en Provence

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Après l'agression d'un arbitre le week-end dernier, le corps arbitral du district de Provence avait décidé de ne désigner aucun officiel pour les rencontres qui devaient se jouer ce week-end.

Le football amateur à l'arrêt en Provence. Aucun match à partir de la catégorie U14 n'était disputé ce week-end sur les terrains amateurs. Les rencontres prévues ont été reportées après la décision de mise en tutelle du district de Provence.

Mais avant cela, le corps arbitral avait décidé de ne pas désigner d'arbitre pour les rencontres prévues ce week-end. Un geste en soutien à un collègue, agressé le week-end précédent lors d'une rencontre en Départemental 3.

"Le but premier, c'était quand même que les matchs se jouent sans arbitre", explique Jacques Clavert, président de la commission départementale des arbitres du district de Provence, au micro de BFM Marseille Provence. "Pour que justement, dans les clubs, ils se rendent compte que la difficulté d'avoir un arbitre, et de mener les matchs à leur terme, en toute équité."

Des insultes et menaces

Les arbitres voient dans la hausse des violences verbales -et parfois physiques- un reflet de celles qui touchent la société au quotidien.

"Il se passe certains faits dans notre région ou département que l'on ne voit pas ailleurs", poursuit Jacques Clavert. "Malheureusement, on en retrouve l'expression sur les terrains de football."

Une analyse que confirme Pascal Caspar, arbitre pour le district de Provence, qui a souvent essuyé des insultes sur le bord du terrain. "Des supporters m'ont dit 'on sait où tu habites, on va venir te voir'", raconte-t-il, déplorant des insultes parfois envers ses proches et sa famille.

Un comportement qui n'émane pas seulement des joueurs les plus jeunes, bien au contraire. Cet arbitre qui officie au district de Provence depuis 17 ans observe ces comportements violents chez toutes les catégories d'âge, mais note également une tendance des enfants à répéter les mots employés par leurs parents contre les arbitres.

Pour cette raison, Pascal Caspar arbitre désormais les matchs "seniors et les jeunes en ligue", mais refuse d'arbitrer les matchs "des plus petits". Il dénonce "la violence des parents sur certains propos qu'ils ont (...) en pensant que leurs enfants vont devenir des Messi à 7 ans."

Place à la pédagogie

Face à cette hausse des violences, beaucoup estiment que l'accent doit être mis sur la pédagogie, aussi bien auprès des enfants que de leurs parents.

"On se rend compte, ce que ce soit dans les différentes catégories (...) avec des fois l'enthousiasme des parents, la compétition, le niveau, qui créent beaucoup d'émotion, beaucoup d'agitation... on en oublie le principe du jeu", déclare Brahim Dridi, responsable du projet éducatif fédéral au club de la Grande Bastide.

Il insiste sur l'importance de rappeler les valeurs fondamentales du football. "On fait des réunions. L'idée, c'est d'échanger, de ne pas être dans la confrontation, pour expliquer que ça reste du foot, et que tout le monde a le droit à l'erreur."

D'autant plus que les comportements abusifs envers les arbitres ne viennent parfois pas de l'entourage des jeunes joueurs, mais des exemples donnés dans le monde même du football. Le président de la commission départementale des arbitres du district de Provence évoque un "mimétisme" de la part des enfants de comportements qui "viennent d'en haut", dans le football professionnel.

Dans le district de Provence, les matchs devraient reprendre dès la semaine prochaine. Mais s'ils n'observent pas de changement, les arbitres n'écartent pas la possibilité d'une grève générale.

Diana Melhem avec Laurène Rocheteau