Essais cliniques: l'AP-HM suspend les recherches entamées irrégulièrement à l'IHU de Marseille

L'Institut hospitalo-universitaire Méditerranée Infection (IHU) de Marseille, le 14 juin 2021 - Nicolas TUCAT © 2019 AFP
L'AP-HM va appliquer toutes les recommandations de l'ANSM après la publication d'un rappport dénonçant de "graves manquements" lors d'essais cliniques au sein de l'IHU de Marseille ce mercredi.
"L'AP-HM a pris connaissance des rapports finaux de l’ANSM et de leurs recommandations rendus publics aujourd’hui sur le site de l’ANSM", indique l'établissement dont dépend l'IHU dans un communiqué. "Elle met en œuvre l'ensemble des recommandations à effet immédiat".
L'AP-HM se tient à disposition de la justice
L'AP-HM s'engage notamment à suspendre "toutes les recherches réalisées sans sollicitation d’un avis d’un comité de protection des personnes", mais aussi à se mettre "en conformité avec la réglementation des recherches impliquant la personne humaine par des actions correctives et préventives".
Un plan d'action "visant à mettre en conformité l’organisation de la recherche pour les patients du pôle des maladies infectieuses" doit également être mis en œuvre par l'AP-HM.
"L’AP-HM se tient à disposition de l’ANSM et de la justice pour toutes les enquêtes ultérieures et rappelle qu’une mission d’inspection IGAS et IGESR est toujours en cours. Les suites à donner à ce rapport seront menées en lien avec le pôle des maladies infectieuses", précise le communiqué.
Les autorités sanitaires accusent l'IHU de s'être affranchi pendant des années de multiples règles pour mener des recherches sur des patients. "Les règles éthiques n'ont pas été systématiquement respectées, ne permettant pas d'assurer la protection des personnes à un niveau suffisant", indique l'ANSM dans son communiqué qui accompagne un rapport plus détaillé.
Deux types d'actions
A de multiples reprises, des essais ont ainsi été engagés sans obtenir l'avis obligatoire d'un comité indépendant ni, parfois, le consentement de tous les patients examinés. C'est par exemple le cas de prélèvements rectaux réalisés au début des années 2010 sur des enfants atteints de gastro-entérite. Pour des dizaines d'entre eux, le consentement des parents est absent.
En conséquence, l'ANSM annonce deux types d'actions. L'une, menée par ses propres soins, consiste à demander l'interruption des essais entamés irrégulièrement et imposer "des actions correctives et préventives" pour remettre en bon ordre les recherches à l'IHU.
Ces mesures ne seront cependant pas immédiates, puisque l'ANSM doit passer par une procédure contradictoire avec l'IHU ainsi que l'AP-HM, dont la responsabilité est aussi mise en cause.
Parallèlement, l'ANSM annonce saisir la justice, ce qu'elle avait déjà fait à l'automne lors de la publication de l'enquête de Mediapart. Comme à l'époque, elle accuse l'IHU d'avoir mené des essais irréguliers, mais elle y ajoute désormais une autre charge: lui avoir communiqué un faux document pour justifier le lancement d'une des recherches incriminées.