Effondrements de la rue d'Aubagne: six ans après, Marseille rend hommage aux victimes avant le procès

"On a l'impression de revivre le 5 novembre 2018." Six années sont passées depuis les effondrements de la rue d'Aubagne, l'émotion reste vive pour les proches des huit victimes qui se sont réunis, ce mardi 5 novembre, devant la "dent creuse", à Marseille.
Plusieurs centaines de personnes ont assisté au temps de recueillement qui a été marqué par huit minutes de silence. À 09h05, l'heure du drame il y a six ans, les cloches de l'église la plus proche ont commencé à sonner. Des flambeaux ont également été allumés avant que ne soit scandés les noms des victimes suivis de "justice et vérité".
Un procès très attendu
Six ans après l'effondrement des immeubles numéros 63 et 65 de la rue d'Aubagne, qui ont laissé place à un tas de gravats et la mémoire endeuillée des proches des victimes, un procès aux allures hors normes se tient à partir de ce jeudi 7 novembre. Il est très attendu, notamment par les familles des huit victimes. 87 parties civiles et 16 prévenus vont participer à six semaines de débat à la caserne du Muy.
"Nous attendons ce procès avec plein d'espoir. Nous savons que ce ne sera pas simple mais nous sommes très confiants dans la justice" afin qu'"à l'avenir, il n'y ait plus jamais" un tel drame du logement indigne, a réagi Maria Carpignano, mère de Simona, une des victimes.
La solidarité entre les proches
"C'est toujours très difficile pour nous d'être ici mais à chaque fois qu'on vient, on se sent accueillis, accompagnés par chacun d'entre vous", a-t-elle confié.
"On a créé un lien avec toutes les familles des victimes, c'est ce qui va nous permettre de tenir", la cousine de Chérif, une des victimes, a également salué la solidarité entre les proches des personnes disparues.
"Les années passent, la solidarité entre les Marseillais reste la même." Ce dimanche 3 novembre, une marche en hommage a réuni plus de 2.000 personnes, selon les organisateurs, dans les rues de Marseille. Après les prises de parole, des gerbes ont été déposées par les familles au sein de la "dent creuse".
Le droit de vivre dignement
Les semaines précédant le drame, les habitants de ces immeubles avaient signalé la vétusté des habitations. "Il ne s'agit pas seulement du procès de la rue d'Aubagne, mais de tous les problèmes d'habitat indigne. Nous avons le droit de vivre dignement", a souligné Liliane Lalone, mère de Julien, une des victimes, ce mardi lors de la cérémonie d'hommage.
"Tant qu'il n'y a pas justice, l'émotion sera toujours là", a témoigné une habitante de Marseille, au micro de BFM Marseille Provence, qui soutient avoir l'impression que "rien n'a changé".
Une lecture musicale organisée à l'Alcazar
"Il n'y a pas que huit victimes, il y a tous ceux qui ont dû sortir de leur logement, on leur a arraché la vie", a poursuivi Liliane Lalone. Les journées qui ont suivi le 5 novembre 2018 ont vu l'évacuation de 187 familles qui logeaient dans 18 bâtiments aux alentours.
Ce procès doit être celui de la dignité et du respect du droit des personnes, a-t-elle poursuivi, lançant un appel aux propriétaires, aux agences immobilières, aux syndics: "Quand vous allez louer quelque chose, ne pensez pas simplement à l'argent."
Ce mardi 5 novembre, l'hommage aux huit morts dans les effondrements de la rue d'Aubagne va se poursuivre, à 17h30, avec la lecture musicale d'Un voyage accidentel de Sharon Tulloch faite à l'Alcazar réalisée par la Compagnie Déraciné.