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Des conditions de vie "indignes": les images du centre de rétention de Marseille, menacé de fermeture

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Après un signalement par le bâtonnier de Marseille, le centre de rétention de Marseille attend ce vendredi la décision du tribunal administratif après un référé-liberté pour obtenir sa fermeture.

Pièces dans un état d'insalubrité, climatisation et ventilation inexistantes, trente degrés dans les chambres. Après le rapport du bâtonnier de Marseille sur le centre de rétention du Canet, un référé-liberté pour sa fermeture a été déposé auprès du tribunal administratif dont la décision est attendue dans la journée de vendredi.

La visite de Mathieu Jacquier, bâtonnier de Marseille, avait eu lieu quelques jours après qu'un incendie se soit déclaré dans un bâtiment du centre de rétention. Il en résultera un rapport de seize pages, photos à l'appui pour documenter les nombreux dysfonctionnement: des chambres en état d'insalubrité, des fenêtres qui ne s'ouvrent plus, l'absence d'eau froide ou encore d'alarme incendie.

"Les conditions actuelles de retenue sont contraires au principe de dignité humaine et les personnes sont en insécurité permanente", relève Mathieu Jacquier, bâtonnier de Marseille.
Lors d'une visite du CRA de Marseille après un incendie, le bâtonnier a relevé plusieurs dysfonctionnements.
Lors d'une visite du CRA de Marseille après un incendie, le bâtonnier a relevé plusieurs dysfonctionnements. © Bâtonnier de Marseille

Michael Amas-Forcioli, président de l'union des jeunes avocats du Barreau de Marseille, relève aussi les "conditions indignes" proposées par le CRA de Marseille et pointe du doigt "l'abandon de l'Etat", qui doit trouver une solution à la situation.

Lors d'une visite du CRA de Marseille, le bâtonnier a relevé plusieurs dysfonctionnements.
Lors d'une visite du CRA de Marseille, le bâtonnier a relevé plusieurs dysfonctionnements. © Bâtonnier de Marseille

Un mort et une augmentation des tentatives de suicides

Le centre, qui peut théoriquement accueillir 136 personnes, n'en a que 62 actuellement après que deux incendies successifs se sont déclarés fin juin et mi-juillet. Un retenu est d'ailleurs mort peu après le premier feu, dans des circonstances qui restaient à déterminer.

L'avocate Maëva Laurens, représentante de dix-sept personnes actuellement retenues au CRA de Marseille, a déploré la difficulté d'accès aux soins des personnes retenues alors qu'un médecin n'est présent sur le site que trois demi-journées par semaine. Aucun psychiatre ou psychologue n'y exerce alors que la réglementation l'exige.

"Face à une population qui a changé, avec des gens qui sortent de prison, les personnes deviennent folles : on constate une augmentation des tentatives de suicide", a indiqué l'avocate Maëva Laurens, avocate de personnes retenus dans le CRA de Marseille.

Contacté par BFM Marseille Provence, ni le centre de rétention, ni la préfecture n'ont souhaité communiquer sur l'affaire. Mais mercredi, lors de l'audience devant le tribunal administratif, l'adjoint au chef de mission contention à la préfecture Thierry Servia a réfuté les faits. "Les conditions de vie, même si elles sont spartiates, ne vont pas à l'encontre des libertés fondamentales", a-t-il défendu. La décision du tribunal est attendue dans la journée.

Par Fabio Marletta et Yassine Bnou Marzouk