Marseille: ce que l'on sait de l'agression de deux policiers lors de l'interpellation d'un dealer

Deux policiers marseillais ont été agressés et blessés par plusieurs personnes dans la cité de la Castellane mercredi 16 octobre dernier. Les deux agents de la brigade spécialisée de terrain (BST) étaient en intervention pour tenter d'interpeller un dealer.
• Les policiers frappés au sol
Quelques heures après les faits, une vidéo montrant la scène a été publiée et partagée massivement sur les réseaux. Sur les images, les deux policiers se trouvent au sol et tentent de maintenir un homme en bas d'un bâtiment du quartier.
Autour d'eux, plusieurs personnes essayent de soutenir l'homme interpellé. Un individu arrive à la hauteur des policiers et porte un violent coup de pied avant de s'enfuir.
Selon le quotidien La Provence, plusieurs individus ont jeté des projectiles sur les policiers, des pierres et des bouteilles en verre, causant des blessures à l'œil pour l'un et à la main pour l'autre.
"L'équipage n'a eu de cesse que de protéger son intégrité physique. Aujourd'hui, on a des fonctionnaires de police qui sont en arrêt et blessés", précise Eddy Sid, porte-parole du syndicat Unité SGP-POLICE FO au micro de BFMTV.
• Le parquet ouvre une enquête, le dealer condamné
Après ces faits, le parquet de Marseille a ouvert une enquête pour coups et blessures sur personnes dépositaires de l'autorité publique.
Selon Pierre-Edouard Colliex, préfet de police des Bouches-du-Rhône, le dealer a été interpellé le jour même, mercredi 16 octobre, avant d'être "condamné à un an de prison". Ce lundi 21 octobre, ce dernier est "en prison", ajoute-t-il.
Du côté des individus soupçonnés d'être impliqués dans l'agression, aucun d'entre eux n'a été interpellé.
"Je n'ai aucun doute que dans les jours, les heures à venir, nous les aurons interpellés", a appuyé le préfet de police des Bouches-du-Rhône.
Selon une source proche de l'enquête à BFMTV, un homme de 21 ans a été interpellé par des policiers pensant l'avoir reconnu. Faute d'éléments suffisant contre lui, il a été relâché.
Interrogé ce lundi 21 octobre sur l'état de santé des agents agressés, Bruno Bartocetti, secrétaire nationale délégué de la zone sud du syndicat Unité Police, a décrit des collègues "psychologiquement atteints et très touchés". Ces derniers sont "encore en soins et reprendront très bientôt leur service."
De son côté, le préfet de police a évoqué sa "solidarité" pour les policiers. "Le policier qui a été sérieusement blessé va retourner voir le médecin aujourd’hui. Il a une fracture", ajoute Pierre-Edouard Colliex.
• Le premier point de deal visé par l'opération Place nette
L'an dernier, la cité de la Castellane, épicentre du trafic de stupéfiants à Marseille, avait été la cible de la première opération "place nette XXL" menée par les autorités.
Entre le 18 et le 20 mars, de nombreux policiers s'étaient relayés dans le cadre d'une "opération sans précédent pour porter un coup d’arrêt aux trafics de drogues, assurer l’ordre républicain", s'était alors félicité Emmanuel Macron, qui s'y était lui-même rendu.
Depuis, les gérants des points de deal ont réussi à se réadapter et continuent de gagner du terrain. Malgré les interventions répétées des forces de l'ordre.
"Avec les opérations de police qui existent depuis huit mois et qui sont permanentes à la Castellane, ça met en rogne un peu tout le monde, les dealers évidemment, mais aussi une partie des habitants", explique Mohamed Benmeddour, médiateur dans les quartiers nord de Marseille.
Pourtant, dans le quartier, tous ne semblent pas observer d'évolution. Fin septembre dernier, un habitant assurait à BFM Marseille Provence que "les deals sont toujours là, les intimidations sont toujours là. Ce qui a changé, c'est qu'il n'y a plus les barrages."
• Les opérations vont se poursuivre
Selon les autorités à Marseille, ces opérations place nette XXL ont permis de nombreuses saisies de stupéfiants: 480 kg. Qui plus est, 856 personnes ont également été interpellées.
Avec ces chiffres et malgré l'agression des deux agents, la préfecture de police entend bien poursuivre ces opérations. "C'est bien la preuve que notre présence perturbe et que ça les embête. Donc c'est bien sûr ce qu'on va continuer de faire", indique Pierre-Edouard Colliex, préfet de police des Bouches-du-Rhône.
Et d'ajouter: "Il n'y a pas un jour, pas une nuit, où la Castellane a été sans la présence de policiers. Nous avons fait disparaître les points de deal, ce qui représente un manque à gagner énorme."
D'après ce dernier, les policiers dépêchés sur les prochaines interventions "ne laisseront pas un quelconque trafiquant revenir perturber la vie des habitants de la Castellane.