Yzeron: de Francheville à Oullins, des avis dissonants sur l'utilité du barrage

Le barrage de Francheville verra-t-il le jour? Le projet, destiné à empêcher les crues de l'Yzeron, est dans les cartons depuis plus de 20 ans mais son avenir est toujours indécis et son intérêt fait toujours débat aujourd'hui.
Une réunion publique organisée mardi dans cette commune de l'ouest lyonnais donne cependant une idée de la tendance.
"Il semblerait que le projet en l'état soit abandonné, a indiqué un participant à notre micro. C'est déjà une bonne chose. Il y a des projets d'aménagement en cours qui, à mon avis, donnent déjà satisfation."
3000 arbres à abattre
Dans la commune, c'est notamment pour des raisons écologiques que l'on fait front contre le barrage. La construction de l'édifice, haut de 23 mètres et large de 250, impliquerait l'abattage de 3000 arbres. Une pétition a été lancée pour s'y opposer.
La donne est différente à Sainte-Foy-lès-Lyon ou dans le quartier du Merlo, à Oullins. "Non aux inondations, oui au barrage", ont écrit des habitants dont le jardin est bordé par la rivière sur une banderole, appelant eux aussi à signer une pétition.
Ces temps-ci, "l'Yzeron est très calme et très agréable à voir. Mais lorsqu'elle monte, elle monte très rapidement", témoigne un riverain.
"Nous avons eu à peu près 1,10 mètre d'eau"
L'intéressé a probablement en tête la crue de 2003, fait marquant dans la commune. 700 foyers ont été inondés cette année-là.
"Ça a poussé le portail et l'eau s'est engouffrée dans le garage. Nous avons eu à peu près 1,10 mètre d'eau", se souvient Louise Charnay, résidente du quartier.
"Nous essayons d'informer les gens - tout le monde n'est pas forcément au courant - pour qu'un maximum signent la pétition, explicite Jean-Luc Vidalot, président du Comité d'intérêt local du quartier du Merlo. Nous sommes consultatifs donc nous avons très peu de pouvoir. On peut dire que c'est Le Pot de terre contre le Pot de fer."
"On a droit à être protégés"
Les signataires s'inquiètent d'un possible abandon du projet. Et ce alors que la rivière déborde fréquemment, comme en mai dernier.
"On nous a parlé de prévention. On nous a parlé d'organisation d'évacuation des populations, souffle Roselyne Ramampy, secrétaire du Comité. On en est à se demander si on ne va pas nous distribuer des petites bouées en forme de canard. Ce n'est pas ça qu'on veut. Ce qu'on recherche, ce qu'on demande et ce à quoi, je crois, on a droit, c'est à être protégés des crues."
Michel Rantonnet, maire Les Républicains de Francheville, convient que des aménagements peuvent être faits pour réduire les risques de crues. "Grenoble, par exemple, est en train de se protéger d'une crue bicentennale avec des champs d'expansion bordés par des digues", cite-t-il.
Vers une décision le 10 décembre?
Mais selon Jean-Charles Kohlhass, président du Syndicat de gestion de l'Yzeron, du Ratier et du Charbonnières, "les zones d'expansion, on ne peut les faire qu'en plaines".
"Vous savez que le bassin de l'Yzeron, c'est surtout de la montagne, poursuit-il. Donc ça veut dire qu'on ne peut les faire qu'en aval. Il faut me dire les zones urbanisées qu'on détruit."
La décision de construire ou non le barrage à Francheville devrait être annoncée le 10 décembre.