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Rhônergia: l'État abandonne le projet contesté de barrage sur le Rhône

Des opposants au projet de barrage hydroélectrique Rhonergia, qui devrait voir le jour sur le Rhône au nord du département, devant les locaux de la Compagnie nationale du Rhône (CNR) à Lyon.

Des opposants au projet de barrage hydroélectrique Rhonergia, qui devrait voir le jour sur le Rhône au nord du département, devant les locaux de la Compagnie nationale du Rhône (CNR) à Lyon. - BFM Lyon

Le projet du barrage Rhônergia, situé à proximité de Lyon entre l'Ain et l'Isère, a été abandonné, a annoncé la Compagnie nationale du Rhône, ce vendredi 30 août.

L'État a mis un terme au projet de barrage Rhônergia sur l'une des dernières zones sauvages du Rhône, a annoncé ce vendredi 30 août la Compagnie nationale du Rhône (CNR) qui portait ce projet d'aménagement très contesté.

"L'État a fait connaître le 29 août sa décision de ne pas poursuivre le projet de construction d'un nouvel aménagement hydroélectrique sur le Rhône, entre Saint-Romain-de-Jalionas (Isère) et Loyettes (Ain)", a écrit la CNR dans un communiqué.

La zone concernée par le projet nichent les nappes phréatiques de la région, qui permettent de fournir 95% de la métropole lyonnaise en eau potable.

À Lyon, et dans la région, le projet était loin de faire l'unanimité, notamment du côté des militants et élus écologistes. Des manifestations avaient été organisées contre le projet.

Cette décision "ouvre une nouvelle phase de discussion avec l'État", affirme pour autant le CNR, qui affirme vouloir "identifier des projets alternatifs en lien avec le fleuve".

Selon Bercy, "la raison principale" de cette décision "est que les études ont soulevé des risques techniques sur le projet EPR2 de Bugey, qui auraient pu conduire à une augmentation des coûts et un retard de calendrier pour ce projet, et des enjeux potentiels sur la sûreté de l'exploitation de la centrale nucléaire de production électrique existante".

"Par ailleurs, le bilan des garants sur la concertation préalable met en exergue des objections au projet de barrage, notamment liées aux aspects environnementaux", est-il ajouté dans une déclaration écrite.

Un projet qui remonte à 1935

Le "projet Rhônergia", dont l'idée remonte à 1935 et qui avait fait l'objet d'un premier projet abandonné en 1980, visait à construire un barrage d'ici 2033 à une quarantaine de kilomètres en amont de Lyon.

Pour un budget estimé à 330 millions d'euros, la CNR envisageait un barrage-usine avec une chute de 6,8 mètres, une retenue de 22 kilomètres de long pour ralentir le débit du fleuve et une digue de 4 km.

La CNR, qui supervise déjà 19 barrages hydroélectriques sur le Rhône, estimait que "Rhônergia" était le dernier projet de cette nature envisageable en France. Cette infrastructure aurait produit 140 GW/h par an, de quoi couvrir les besoins électriques annuels de 60.000 habitants.

Lutte contre "l'artificialisation"

Pour la CNR, ce projet aurait participé à "la lutte contre le changement climatique", au renforcement de l'indépendance énergétique de la France et à l'inflexion des coûts de l'électricité.

Mais ses opposants, réunis dans un collectif qui s'est notamment fait entendre lors de la consultation publique sur le projet cet hiver, estimaient que le coût financier et environnemental du barrage était "trop important par rapport à l'énergie décarbonée" qu'il pourrait fournir.

Jérôme Grausi, maire sans étiquette de Saint-Romain-de-Jalionas (Isère), s'était érigé pour sa part contre "l'artificialisation" de son territoire, l'une des rares zones non aménagées du Rhône.

Un "soulagement pour la protection de la nature"

Vendredi, il s'est dit "très content" de la décision de l'Etat. "C'est un soulagement pour la protection de la nature, de notre territoire et de notre identité", a-t-il déclaré, évoquant des vestiges gallo-romains présents sur le site.

"La mobilisation contre ce projet a été exceptionnelle" s'est félicité dans un communiqué Maxime Meyer, conseiller régional de l'Ain et coprésident du groupe des Écologistes à la Région Auvergne-Rhône-Alpes.

"Celle-ci représente maintenant un espoir pour toutes les personnes en lutte contre les grands projets inutiles et imposés dans notre pays", a-t-il souligné.

"Maintenant on reste vigilant", a conclu M. Grausi, en mentionnant les autres projets environnants, à commencer par deux nouveaux réacteurs nucléaires EPR2 que le président Emmanuel Macron a annoncé en juin vouloir voir construire sur la centrale voisine du Bugey.

A. V. avec AFP