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Rhône: un coin de la cour réservé aux élèves "harceleurs", la méthode d'une école critiquée

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Depuis le mois de mars, l'équipe pédagogique a mis en place une zone délimitée dans la cour de l'école de Charly pour empêcher certains élèves de harceler leurs camarades. Une méthode décriée par les parents d'élèves et la mairie.

C'est une autre sorte de confinement. À Charly, au sud de la métropole lyonnaise, plusieurs élèves de l'école primaire passent leurs récréations dans un coin de la cour pour les empêcher de harceler leurs camarades, rapporte Le Progrès.

Le dispositif a été mis en place par l'équipe pédagogique au mois de mars pour six élèves de CE1. Le principe: les "harceleurs" doivent rester dans le coin de la cour qui leur est dédié, et s'ils en sortent, ils sont rappelés à l'ordre par un coup de sifflet du surveillant.

"Personne n'est isolé, ils jouent entre eux mais nous garantissons aux enfants qui ont été victimes qu'ils sont protégés", explique Gil Jamon, inspecteur de l'éducation nationale de la circonscription de Givors au micro de BFM Lyon.

"Un empilement de systèmes disciplinaires"

Du côté des parents d'élèves, ce système est loin de faire l'unanimité. D'autant plus que les parents n'ont pas été prévenus et y voient une démarche qui stigamatise les enfants. "La méthode est moche", estime une parent d'élève.

L'un des parents, dont le fils de 8 ans fait partie du groupe de "harceleurs", dénonce au Progrès "un empilement de systèmes disciplinaires".

A la mairie de Charly, on soutient cette mesure. Pour Gaëtan Andaloro, adjoint au maire, en charge des affaires scolaires, il n'y a pas eu de mise à l'écart. "Je parle de protection, il y a effectivement des enfants qui à certains moments ne peuvent pas jouer ensemble", estime l'élu à l'antenne BFM Lyon.

Pourtant, la veille, dans Le Progrès, le maire de la commune Olivier Araujo déplorait une méthode qui "ne correspond pas du tout à notre conception de l'éducation".

Car cette mesure n'est pas la première prise par l'école pour recadrer le comportement des élèves. L'école a également mis en place un système de permis à points, où des couleurs sont attribuées aux enfants en fonction de leur attitude. "On dit à mon fils s'il est vert, orange ou rouge, si bien qu'il ne parle que de cela", poursuit le parent d'élève, qui assure que son fils "n'a jamais eu de problème" avant d'intégrer cette école.

Une mesure de "protection"

Gil Jamon, reconnaît un manquement au principe de coéducation dans le fait de ne pas prévenir les parents d'élèves de la mise en place de cette mesure.

Mais il explique toutefois qu'il ne s'agit pas de créer "zone d'exclusion, pas de coin où l'on mettrait à l'écart les méchants harceleurs, mais une mesure de protection des enfants victimes, avec une organisation en deux espaces."

Une justification aussi donnée par la directrice de l'établissement dans un mail adressée à un parent d'élève, où elle explique qu'il s'agit d'une "mesure de protection pour les élèves ayant subi du harcèlement de la part d'autres élèves de leur classe".

Sandra Buteau, présidente de la Fédération des Conseils de Parents d'Élèves du Rhône, explique quant à elle que "sur les activités périscolaires notamment, il arrive que les enfants turbulents soient isolés." Les parents d'élèves dénoncent toutefois une punition qui semble excessivement sévère pour des enfants de huit ans et qui ne résout pas le problème du harcèlement scolaire.

Laurène Rocheteau