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Rhône: le Conseil des mosquées s'indigne de fermetures "massives" de comptes bancaires

Dans un communiqué, le Conseil des mosquées du Rhône affirme que les comptes bancaires de dizaines de mosquées ont été fermés sans explication. Des donateurs seraient également concernés.

"Un apartheid bancaire". Dans un communiqué diffusé ce lundi, le Conseil des mosquées du Rhône (CMR) interpelle le président de la République Emmanuel Macron et dénonce les fermetures des comptes en banque de certaines mosquées du département.

"Des dizaines de mosquées en pleine construction (ou en extension), ont subi la fermeture de leurs comptes bancaires", peut-on lire dans le communiqué.

Kamel Kabtane, président du CMR, cite notamment les cas de celles de la Croix-Rousse à Lyon, ainsi que celles de Villeurbanne, ou encore de Décines-Charpieu, dans la métropole lyonnaise.

"Toutes les banques sont concernées"

Le recteur de la mosquée Othmane de Villeurbanne, Azzedine Gaci, confirme à l'AFP que cette situation "dure depuis plusieurs années. Cinq ans, au moins", si bien que "cela paralyse complètement les travaux et la vie générale des mosquées".

Selon lui, "toutes les banques sont concernées", "notamment La Poste et BNP-Paribas".

Cette situation ne concerne pas que les établissements religieux mais également des particuliers qui ont participé à la construction de mosquées, notamment à travers des dons, précise le Conseil des mosquées du Rhône.

Des problèmes en déposant la quête

Ces fermetures réalisées "sans justification" sont inacceptables et incompréhensibles pour Kamel Kabtane, le président du Conseil des mosquées du Rhône.

"C'est vrai que cette situation est très gênante, d'autant que les mosquées dont on ferme les comptes sont des mosquées qui sont en pleine construction. Et se retrouvent du jour au lendemain sans pouvoir payer les entreprises prestataires. Ça pose d'énormes problèmes", regrette-t-il au micro de BFM Lyon.

Les mosquées en construction ne sont pas les seules touchées selon lui. Certaines rencontrent des problèmes en allant simplement déposer le montant de la quête réalisée chaque vendredi, "comme les églises le dimanche". Des banques "trouvent à redire" et "pensent que c'est de l'argent qui vient de je ne sais où", affirme Kamel Kabtane.

"C'est une situation inacceptable. Ça s'étale d'année en année et ça prend des proportions. Sans aucune explication du jour au lendemain, vous recevez une lettre recommandée, 'votre compte est clos, venez chercher votre chèque'", continue le président du Conseil des mosquées du Rhône.

Pratiques discriminatoires

Ces pratiques discriminatoires "qui visent particulièrement les institutions mulsumanes" ne sont pas nouvelles. L'organisation musulmane a déjà alerté le ministère de l'Intérieur à plusieurs reprises mais affirme que "rien n'a été fait".

"On ne peut pas continuer à mettre les Français musulmans au ban de la société et en même temps, les taxer de séparatisme" assure le Conseil des mosquées du Rhône dans son communiqué.

Contactée par l'AFP, BNP-Paribas ne souhaite pas commenter "les situations individuelles" de ses clients, mais assure que "chaque situation est étudiée en matière de connaissance des clients, dans le respect des obligations réglementaires".

Dans le même esprit, la Banque Postale dit, elle "se réserver la possibilité de clôturer des comptes d'associations afin d'être conforme à ses obligations réglementaires".

Le ministère des Finances réagit

"Ces mesures ne sont pas prises à la demande des pouvoirs publics", mais "à l'initiative des banques dans le cadre de leur vigilance en matière de lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme", a réagi le ministère des Finances dans une déclaration transmise à l'AFP.

Bercy précise toutefois que des fermetures de comptes "peuvent toutefois être entachées d'erreurs d'appréciation" qui les rendraient "tout à fait injustifiées".

Un "dialogue" a été entamé entre le ministère de l'Intérieur, le ministère des Finances et les parties prenantes pour "appeler les banques à trouver des solutions amiables avec les associations concernées", ajoute encore Bercy.

Le ministère rappelle que les personnes et associations ont d'ores et déjà la possibilité de faire jouer leur "droit au compte", par lequel la Banque de France désigne un opérateur qui sera contraint de leur ouvrir un compte bancaire.

Par ailleurs, une source proche du dossier place Beauvau a indiqué que "le ministère de l'Intérieur soutient Kamel Kabtane dans sa démarche".

Mélanie Ferreira avec Marine Langlois avec AFP