Parent d'un bébé mort in utero, Romuald pointe du doigt "les politiques qui ont mené l'hôpital au bord du gouffre"

"C'est une affaire révélatrice des difficultés dans lesquelles l'hôpital français est mis". C'est ainsi que Romuald explique ce qui lui est arrivé en janvier dernier. Avec sa compagne, ils ont dû faire face à la mort in utero de la petite fille qu'ils attendaient, raconte-t-il sur BFM Lyon ce mercredi 15 octobre, à l'occasion de la journée de sensibilisation au deuil périnatal.
Dans la nuit du 15 au 16 janvier dernier, la compagne de Romuald chute dans les escaliers d'un bar du 3 arrondissement. Elle ne sent pas le bébé bouger et décide alors d'aller à la maternité de la Croix-Rousse. L'échographie et le monitoring sont rassurants, mais la jeune femme enceinte saigne du nez. Direction donc les urgences, pour des examens. Après 2h30, le saignement de nez s'arrête. Retour à la maternité où les examens sont toujours satisfaisants. Le couple rentre donc à son domicile.
Seulement le lendemain matin, la compagne de Romuald "tousse et semble s'étouffer". Ils retournent aux urgences de la Croix-Rousse. "Et là, très vite, on nous dit que le coeur du bébé s'est arrêté, que ma compagne doit être conduite en réanimation, parce qu'elle a perdu trop de sang. Elle aura une opération sous anesthésie générale pour réparer l'arthère faciale qui avait été touchée. Ça n'avait pas été vu pendant la nuit", explique Romuald.
"Délabrement de l'hôpital public"
Si aujourd'hui ce papa lyonnais décide de s'exprimer, c'est pour "mettre nos responsables politiques face aux conséquences concrètes du délabrement de l'hôpital public", avance-t-il. Et de pointer les "erreurs grossières qui peuvent être commises parce que les soignants sont mis dans des conditions de travail qui sont insupportables pour eux".
Selon Romuald, la prise en charge de sa compagne a été émaillée de manquements. "Ma femme faisait un peu de tacchycardie, elle était aussi en légère hypothermie". Et aucune demande n'a été formulée auprès du service ORL, alors qu'un saignement de nez en relève normalement.
"Aux urgences, on a eu affaire à des soignants qui courraient partout, qui n'avait pas le temps d'écouter, de réflechir, ni de douter" précise celui qui réaffirme ne pas blâmer les soignants mais plutôt les politiques menées.
Romuald souligne aussi le manque de moyens humains ce soir-là. "Sur la nuit, il y a eu une cinquantaine de patients (...) pour quatre soignants: deux titulaires et deux internes. L'interne qui nous a pris en charge, avait deux mois et demi de service."
"Un concours de négligences"
Pour Romuald, le drame est un "concours de négligences". Le couple affirme avoir alerté la mairie de Lyon pour que le restaurant se mette aux normes sur l'escalier, où la compagne de Romuald à chuté.
Par ailleurs, le couple souligne une nouvelle fois que les "soignants ne sont pas responsables", avant de poursuivre: "Moi, je me pose de sérieuses questions sur notre personnel politique qui ne peut pas ne pas savoir dans quelles difficultés était l'hôpital public. On a eu le COVID, où les choses ont été mises en évidence et la situation continue de se dégrader."
Concernant de possibles poursuites judiciaires, Romuald est clair: "On n'a pas déposé de plaintes, on ne veut pas de procédure pénales, on ne souhaite pas que les soignants soient mis en causes ou inquiétés. La personne morale qu'on aurait en face de nous c'est les HCL, mais on aurait préféré avoir l'État lui-même, les politiques qui ont mené l'hôpital au bord du gouffre."