"Nous refusons la dilution de la mémoire": le projet de refonte du mémorial national de la prison de Montluc contesté

Changement d'exposition permanente, transformation de la salle dédiée aux enfants d'Izieu, entrée payante... Des associations dénoncent le projet de refonte du mémorial national de la prison de Montluc.

C'est un lieu emblématique de la Seconde Guerre mondiale à Lyon. La prison de Montluc, dans le 3e arrondissement, a été réquisitionnée par le IIIe Reich entre janvier 1943 et août 1944. Près de 10.000 personnes, dont des personnalités comme Jean Moulin, y furent internées pendant l'occupation allemande.

Ouvert au public en 2010, ce lieu est désormais un mémorial national qui rend hommage aux Juifs et à tous ceux qui passèrent par cette prison. Mais des changements sont prévus et ces derniers ne sont pas vus d'un bon œil ni par le Conseil représentatif des institutions juives (CRIF) ni par l'association des rescapés de Montluc.

Trois changements contestés

Le premier point de tension concerne l'exposition permanente, qui retrace actuellement l'histoire du lieu durant la Seconde guerre mondiale. Le projet de refonte souhaite que l'ensemble de l'histoire de la prison soit présenté donc de 1921 à 2009 - notamment ces dernières années où l'établissement était une prison pour femmes.

Autre changement souhaité: rendre l'entrée payante. Mais le point le plus contesté concerne la transformation de la salle où les enfants juifs d'Izieu ont été enfermés en salle pédagogique. Ces 44 enfants de différentes nationalités ont été déportés lors d'une rafle, le 6 janvier 1944 avant d'être tués à Auschwitz.

"Nous refusons la dilution de la mémoire de la Seconde guerre mondiale (...) Nous refusons catégoriquement l'absence d'un lieu digne pour les 44 enfants juifs d'Izieu, passés une nuit à Montluc et qui sont partis à Drancy pour être gazés dès leur arrivée. Les enfants d'Izieu sont certainement l'une des raisons pour laquelle le mémorial national de la prison de Montluc existe", affirme au micro de BFM Lyon Bruno Permezel, président de l'association des rescapés de Montluc.

Premier ministre alerté

Bruno Permezel affirme qu'il "n'est pas question pour l'association des rescapés de Montluc d'accepter ces trois projets qui remettent en cause l'esprit des fondateurs du mémorial". Les associations ont alerté le Premier ministre en vain, le projet de refonte de l'exposition permanente est pour l'instant maintenu.

De son côté, Laurent Wauquiez, le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes a martelé lors de ses vœux à la presse ce vendredi, qu'un "lieu eu dans lequel ont été accueillis les enfants d'Izieu ne peut pas devenir n'importe quelle salle pédagogique". Il a indiqué avoir "écrit au président de la République pour faire en sorte qu'on respecte le lieu".

Clémence Delarbre et Marine Langlois