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Intempéries dans le Rhône: en visite à Givors, Michel Barnier frappé par "la détresse" de la commune sinistrée

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Ce vendredi 25 octobre, le Premier ministre a pu constater les dégâts engendrés par la crue du Gier la semaine passée. Il s'est ensuite rendu à Éveux, où il a promis un nouvel apport au fonds Barnier.

Lunettes de vue posées sur le nez et l'air attentif, Michel Barnier scrute les photos placardées dans la galerie marchande de la zone commerciale de Givors (Rhône). Un à un, le maire de la commune, Mohamed Boudjellaba, le guide virtuellement à travers ces lieux qui ont pris l'eau les 17 et 18 octobre.

Les images du Gier -le cours d'eau bordant cette ville du sud de Lyon- sorti de son lit sont impressionnantes. Les torrents se sont infiltrés sur l'autoroute et jusqu'à ladite zone commerciale. Le secteur est aujourd'hui dévasté. Le magasin Carrefour a été défiguré. Une pharmacienne assure que l'eau a plafonné à 80 cm de hauteur dans son officine.

De lourds dégâts

Arrivé à la mi-journée dans le Rhône ce vendredi 25 octobre, le Premier ministre a pu constater de ses yeux les dégâts engendrés par les inondations. Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique, était à ses côtés. Ils ont pu remarquer que la boue n'avait pas totalement disparu du sol.

"L'eau est montée en 3 heures 30, une grande partie de la ville a été inondée", a rembobiné Mohamed Boudjellaba auprès de l'Agence France-Presse. Au total, ce sont "400 habitations" et "110 commerces" qui ont fait face à la montée des eaux. L'édile divers gauche le rappelle, "Givors est une ville dont la population a de faibles revenus, reconstruire leur vie va être long" pour les habitants.

Christian Schlegel, cordonnier dans la zone commerciale, va même plus loin: "On repart de zéro. Le peu de trésorerie que j'avais est parti en deux, trois jours. Il me faudra au minimum deux mois pour reconstruire".

Le 17 octobre 2024, de violentes inondations ont frappé Givors, dans le sud de la métropole de Lyon.
Le 17 octobre 2024, de violentes inondations ont frappé Givors, dans le sud de la métropole de Lyon. © BFM Lyon

"Comment on a cette culture de prévention?"

Au terme de sa déambulation, Michel Barnier a pris la parole face aux élus locaux, dont Bruno Bernard, le président écologiste de la métropole de Lyon.

"Il y a l'aide immédiate monsieur le maire, avec la métropole, le département et la région. L'urgence, les assurances, les indemnisations, aussi les prêts qu'on peut essayer de faciliter pour les trésoreries... C'est à vous de me dire avec la chambre de commerce ce qu'on peut faire pour activer les banques. Et puis, après, il y a l'avenir: comment on évite, comment on a cette culture de prévention?"

Selon le locataire de Matignon, "ce qui est important, c'est de garder la mémoire d'une tragédie ou d'un accident et qu'on corrige. Je suis venu vous dire le soutien personnel, matériel et politique du gouvernement. Je ne veux pas vous raconter d'histoires, mais je suis là et ce n'est pas par hasard que je suis venu".

L'intéressé promet enfin de "réfléchir avec le Parlement" pour bâtir des "mécanismes un peu innovants pour voir comment aider ou prendre en charge les biens qui ne sont pas assurables ou assurés".

À l’issue de cet échange, Mohamed Boudjellaba semblait relativement satisfait de ce qu'il a entendu. "On a obtenu certaines réponses et puis on espère en obtenir d'autres. En tout cas, il a bien pris en considération nos problématiques", veut croire le maire de Givors au micro de BFM Lyon.

"Elles vont être sur le temps. Apparemment, il va y avoir quelques fonds qui vont être débloqués. J'espère vraiment que ça va amorcer la pompe de nos changements de pratiques, et notamment à ce changement climatique qui nous tombe dessus. Il va falloir préparer nos concitoyens et aussi les entreprises."

Des véhicules sont bloqués par la montée des eaux sur l'autoroute A47, à Givors, dans le Rhône, le 17 octobre 2024
Des véhicules sont bloqués par la montée des eaux sur l'autoroute A47, à Givors, dans le Rhône, le 17 octobre 2024 © JEAN-PHILIPPE KSIAZEK © 2019 AFP

75 millions d'euros de plus dans le fonds Barnier

Après son passage à Givors, Michel Barnier a pris la direction d'Éveux, où il a tenu une conférence de presse. Sur place, le Premier ministre a assuré avoir "été marqué par la détresse à Givors".

"On voit se multiplier ces catastrophes. Je dois d’abord dire ma solidarité personnelle, et celle de l’État. Je veux dire, au nom du gouvernement, merci aux forces de sécurité, aux pompiers, aux élus locaux qui ont évité des risques et sans doute sauvé des vies." La semaine prochaine, promet Michel Barnier, la liste des communes reconnues en état de catastrophe naturelle sera communiquée.

Le Premier ministre a enfin profité de cette conférence de presse pour annoncer une augmentation du fonds Barnier, que l'ex-ministre de l'Environnement avait contribué à mettre sur pied en 1995. En 2025, il sera doté de 75 millions d'euros supplémentaires. Une manne portant son total à 300 millions d'euros.

Cette somme sera fléchée vers les collectivités territoriales, les petites entreprises et les particuliers afin de les aider à financer des travaux pour réduire la vulnérabilité de bâtiments exposés aux catastrophes naturelles.

Florian Bouhot Journaliste BFM Régions