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"Il n'a pas senti le danger": la sœur d'Emilio, sans-abri tué à coups de parpaing à Lyon, témoigne

L'autel spontanément créé en hommage à un sans-abri tué à coups de parpaing, sur le porche où il avait l'habitude de dormir dans le 2e arrondissement de Lyon (Rhône), le mercredi 13 novembre 2024.

L'autel spontanément créé en hommage à un sans-abri tué à coups de parpaing, sur le porche où il avait l'habitude de dormir dans le 2e arrondissement de Lyon (Rhône), le mercredi 13 novembre 2024. - BFM Lyon

Emilio, sans-abri moldave de 29 ans, a été tué dans la nuit du 10 au 11 novembre, à Lyon, à coups de parpaing. Sa sœur témoigne pour la première fois, trois semaines après le drame.

Dans la nuit du 10 au 11 novembre, Emilio, un sans-abri moldave de 39 ans, était tué sous un porche de l'Université Catholique de Lyon à coups de parpaing. Pour la première fois, sa sœur, Christina, a pris la parole dans les colonnes du Progrès, le 24 novembre.

"Il n'a pas senti le danger, ça s'est passé trop vite. Quand je pense à lui, ça fait mal. Il faisait toujours tout pour me faire rire", confie-t-elle à nos confrères.

Comme certains habitants du quartier dans lequel vivait son frère, eux aussi marqués par cette mort brutale, Christina a déposé des bougies dans un mémorial installé rue Victor Hugo. Elle y a ajouté une photo.

Sa sœur l'avait invité à dormir

Auprès du Progrès, Christina est revenue sur la nuit de la mort d'Emilio. Installée dans un logement social du 5e arrondissement de Lyon avec son époux et leurs trois enfants, elle attendait que son frère sonne à la porte pour passer la nuit auprès d'eux.

"Il était habitué à être dehors. Je devais souvent insister pour qu'il vienne à la maison. Il disait tout le temps, 'Oui, j'arrive'. Ce soir-là, je lui ai préparé à manger et je l'ai attendu jusqu'à minuit. Je me suis réveillée à trois heures du matin, puis cinq heures. Il n'était toujours pas là", raconte Christina.

Le jour suivant, sans nouvelle, elle se trouve non loin du métro Hôtel-de-ville lorsque des policiers lui expliquent qu'un homme sans-abri a été tué la veille. Peu de temps après, des amis lui apprennent la nouvelle de la mort de son frère.

"J'ai vu du sang sur le sol"

Bouleversée par cette annonce, Christina a eu besoin de se rendre sur place pour y croire. "J'ai vu du sang sur le sol. Il n'y avait plus ses affaires", se souvient la jeune femme.

En voyant un peu plus tard la photo du suspect circuler sur les réseaux sociaux, elle se dit "sûre" de l'avoir croisé cet été alors qu'elle se trouvait près de la gare de Marseille. "Il avait un comportement agressif et parlait tout seul. Il m'a même demandé une cigarette", se remémore-t-elle.

Interpellé le 12 novembre, l'homme est également suspecté d'être impliqué dans des agressions survenues à Strasbourg, Dijon, Évry et Rotterdam (Pays-Bas).

Le corps d'Emilio rapatrié en Moldavie

Les jours suivants la mort de son frère, Christina n'a pas reçu d'autres informations. Elle s'est alors rendue au commissariat du 8e arrondissement. "J'ai patienté quatre heures dans la salle d'attente et je n'ai été reçue que pendant cinq minutes", dit-elle.

Après avoir montré la photo d'Emilio, les agents de police lui confirme qu'il est bien la victime retrouvée assassinée sous le porche de l'Université catholique lyonnaise. "Ils n'ont pas voulu me dire où se trouvait son corps. Ils ne m'ont pas proposé de me constituer partie civile", affirme-t-elle.

La jeune femme a finalement vu la dépouille de son frère le 21 novembre, à la maison funéraire du 8e arrondissement. Avant qu'il ne soit rapatrié vers la Moldavie, pays qu'il avait quitté en 2009 pour rejoindre la France.

Mélanie Hennebique