Fermeture de l'abattoir de Saint-Romain-de-Popey: les éleveurs porcins contraints de s'adapter

Les abattages de porcs sont suspendus depuis le 3 février dernier à l'abattoir Rhône Ouest de Saint-Romain-de-Popey par arrêté préfectoral. L'établissement était dans le viseur des autorités après la publication il y a deux semaines d'une vidéo de l'association L214 montrant de mauvais traitements sur les animaux à abattre.
L'association de défense des animaux utilisés comme ressources alimentaires a déposé plainte, dans la foulée, contre l'abattoir exploité par la coopérative SECAT pour "pour sévices graves et mauvais traitements".
Mais l'activité de l'abattoir pourra reprendre "dès la mise en œuvre des mesures correctives et la transmission des documents justificatifs sollicités", a précisé la préfecture dans son arrêté.
Des frais supplémentaires
En attendant, les éleveurs porcins qui avaient pour habitude d'utiliser les services de l'abattoir Rhône Ouest ont dû trouver des alternatives, notamment à Amplepuis.
"Il fallait essayer de se rabattre sur les abattoirs aux alentours. Heureusement, on a réussi à trouver l'abattoir d'Andrézieux-Bouthéon, qui a accepté de nous prendre pour la première semaine. Après sur les autres semaines on est partis avec l'abattoir de Vichy pour pouvoir continuer à travailler", explique Denis Magnin, co-gérant d'un GAEC (Groupement agricole d'exploitation en commun) de Montchervet, à proximité de l'abattoir.
Ce dernier déplore les coûts supplémentaires engendrés par cette fermeture et l'obligation de s'y adapter.
"On a été obligés d'affréter le transport des animaux vivants à un autre groupement de producteurs de porcs, on sait déjà que chaque semaine c'est au moins 400 euros pour prendre les animaux là-bas. Ensuite pour aller chercher les carcasses, au lieu de mettre 25 minutes pour aller à l'abattoir, on met une heure et demie donc c'est un surcoût de consommation pour les véhicules, plus de temps pour y aller, c'est toujours contraignant", poursuit l'agriculteur.
L'attachement aux animaux
Denis Magnin souhaite une mise en conformité rapide de l'abattoir de Saint-Romain-de-Popey pour qu'il puisse rouvrir rapidement. Toutefois, il reconnaît un certain malaise face aux actes dénoncés par L214.
"On élève des animaux, ils sont faits pour être abattus, pour être mangés mais on s'attache toujours à nos animaux. On ne sait pas ce qu'il se passe entre le moment où on les pose et le moment où on les récupère, c'est un maillon que nous ne voyons pas", indique-t-il.
L'association L214 avait réuni de multiples vidéos enregistrées en octobre et novembre 2024 ainsi qu'en janvier 2025, qui montrent "des animaux égorgés conscients malgré l’étourdissement préalable, des vaches décapitées encore vivantes, des moutons et cochons qui voient leurs congénères se faire tuer, des animaux brutalisés lors du déchargement ou pour être dirigés vers la saignée".